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Vrai ou faux
Ingérences étrangères : l'Azerbaïdjan drague les indépendantistes des Outre-mer pour déstabiliser la France
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C'est une conférence qui a eu lieu le 21 janvier à Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan. Elle portait sur le thème : "L'indépendance de la Réunion : Réévaluer l'héritage colonial de la France et le chemin vers la souveraineté". Et elle a rassemblé le Ka Ubuntu, un mouvement indépendantiste de l'île de La Réunion, et le BIG, le Groupe d'initiative de Bakou, une ONG, proche du président azerbaïdjanais, qui se dit engagée dans la lutte contre le colonialisme. Cette ONG se dit aussi prête à reconnaître La Réunion comme un pays indépendant et à l'aider à se libérer de la France. L'agence de presse azerbaïdjanaise, l'APA, qui se fait l'écho de l'événement estime d'ailleurs que l'île de La Réunion est un "pays".
L'Azerbaïdjan soutient les "colonies" françaises
Cette rencontre n'est pas une première du genre. Selon Viginum, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères, rattaché à Matignon, qui y a consacré un rapport, publié en décembre 2024, l'Azerbaïdjan est engagé dans une opération d'ingérence pour déstabiliser la France depuis plus d'un an et demi, la France étant devenue sa bête noire, car elle soutient l'Arménie dans la guerre au Haut-Karabakh.
En juillet 2023, juste après sa création, le Groupe d'initiative de Bakou rassemblait déjà des indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie française, de Guyane, de Martinique, de Guadeloupe et de Corse, lors d'une table ronde. Au printemps, l'ONG a commencé à signer des conventions avec certains de ces territoires ultra-marins pour reconnaître leur droit à l'autodétermination, à commencer par la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, avec le but clair "d'unir les efforts des colonies dans leur processus de décolonisation". À l'automne, l'ONG s'est rapprochée de sphères qui se disent panafricanistes, notamment pour parler de "l'occupation illégale de l'île comorienne de Mayotte par la France".
Campagne de désinformation sur les réseaux sociaux
Ces actions concrètes s'accompagnent d'une vaste campagne de communication sur les réseaux sociaux, entamée elle aussi dès l'été 2023, et souvent teintée de désinformation. Les mots clés "France" et "colonialisme" ont été publiés près de 8 000 fois en trois jours, entre le 6 et le 8 juillet 2023, après le lancement du BIG. Rebelote le 22 septembre 2023, après une conférence du BIG à New York.
Des campagnes coordonnées, facilement identifiables, parce que les mêmes messages sont répétés à l'envi dans des centaines de publications notamment sur le réseau social X. Souvent, ces messages sont illustrés par des photos d'archives représentant des exactions de la France pendant la colonisation, mais sans indiquer leur date et en les sortant de leur contexte si bien que ces images deviennent trompeuses.
Parfois, la campagne de désinformation s'accentue et rebondit sur l'actualité. Par exemple, elle ne commence à viser la Corse qu'à partir de février 2024 après l'arrestation de deux militants du nouveau parti indépendantistes Nazione. Autre exemple, en mai 2024, des publications affirment que les forces de l'ordre ouvrent le feu à balle réelle sur les manifestants en pleines émeutes en Nouvelle-Calédonie.
Une désinformation qui reçoit peu d'écho pour l'instant
Cependant, pour l'instant, l'impact de cette désinformation est limité. Viginum explique dans son rapport que, s'il y a des milliers et des milliers de publications sur les réseaux sociaux, ceux-ci semblent peu vus par les internautes. Leurs fausses informations ne parviennent pas à s'implanter dans le débat public français. Et l'ingérence numérique ne parvient donc pas à déstabiliser la France, au point que Viginum, dans une ironie bien sentie, a surnommé cette campagne Un-notorious BIG, Pas-célèbre BIG, en référence au rappeur surnommé The Notorious B.I.G.
Mais ce rapport montre que les tentatives d'ingérences de l'Azerbaïdjan sont en plein essor, alors qu'auparavant, l'Azerbaïdjan n'était pas cité, ou à peine, dans les rapports sur les menaces d'ingérences étrangères. Dans ce rapport parlementaire remis en juin 2023, la Russie est le pays qui tente le plus de s'ingérer dans la politique française, suivie par la Chine, l'Iran, le Maroc, le Qatar et la Turquie.
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