: Vidéo En Asie du Sud-Est, le business de l'escroquerie en ligne génère des milliards de dollars
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Dans des complexes basés en Asie du Sud-Est, des dizaines de milliers de petites mains sont séquestrées, parfois torturées, pour arnaquer en ligne des cibles hameçonnées par de faux profils... En soutirant leurs économies à ses victimes partout dans le monde, cette industrie criminelle génère d'énormes profits pour les groupes mafieux qui sont à sa tête.
Dans "Complément d'enquête", un jeune Chinois réfugié aux Pays-Bas dévoile les gains réalisés par ce business frauduleux. Neo a été employé de force dans l'une de ces entreprises de l'arnaque, et il a réussi à faire sortir des centaines de documents comptables. C'est pour échapper à la vengeance de ses employeurs qu'il a fui en Europe. "S'ils s'étaient rendu compte que je sortais des documents, ils m'auraient tué", dit-il, s'attendant à "vivre sous la menace pour le restant de [s]es jours".
Le gang qui détenait Neo était dirigé par des mafieux chinois qui faisaient travailler une soixantaine de personnes. Les lignes de comptes qu'il montre aux journalistes affichent, pour le seul mois de juillet 2022, un gain de plus de 457 000 dollars (environ 438 000 euros). Sur un autre document, une colonne de noms. C'est une liste de "clientes" – en réalité, de victimes escroquées – avec les montants des sommes qu'elles ont envoyées, via une plateforme frauduleuse.
Plus de 4 millions d'euros arnaqués en cinq mois
Selon ces documents, en cinq mois, plus de 4 millions d'euros ont été extorqués par ce gang. Les chefs se partageaient ce pactole en fonction de leur rang : par exemple 20% pour le directeur adjoint, 30% pour son supérieur, et 50% pour le patron du groupe.
Les sommes brassées par cette industrie de l'arnaque sont colossales. Pour le seul complexe de KK Park (sur 20 kilomètres, il existe une vingtaine d'autres centres de ce type le long de la frontière birmane), Jonathan Dupont, un enquêteur spécialiste des cryptomonnaies, a identifié six comptes (appelés "adresses"). Ils totalisent l'équivalent de 400 millions d'euros. Sachant que "le parc a plusieurs milliers d'adresses de cryptomonnaie, on peut s'attendre à des milliards de dollars de cryptomonnaie"... rien que pour KK Park.
Selon un centre de recherche américain, cette industrie de la fraude en ligne a engrangé près de 15 milliards d'euros en 2023, protégée par les milices locales, dans son sanctuaire birman.
Extrait de "Arnaques à la chaîne : les esclaves du clic", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 27 février 2025.
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