Tensions entre la France et l'Algérie : un nouveau pic dans une crise diplomatique qui dure
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La crise diplomatique entre la France et l'Algérie atteint donc un nouveau pic mardi 15 avril avec l'expulsion respective de 12 agents consulaires par l'Algérie puis par la France ces dernières 48 heures. Mais dans la longue et complexe histoire qui unit les deux rives de la Méditerranée, la crise des derniers jours n'est que le prolongement d'une année marquée par les soubresauts, les poussées de fièvre et les crises aiguës, entrecoupées de rares accalmies et de tentatives de reprise du dialogue.
Revenons au point de départ et à l'été 2024, avec ce courrier adressé par Emmanuel Macron au roi du Maroc, Mohamed VI. Un courrier pour acter la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, théâtre de conflits historiques entre le Maroc et l'Algérie, qui soutient les indépendantistes locaux du front Polisario. Si Paris justifie ce tournant par une forme de dépit vis-à-vis d'Alger et l'échec d'une relation qu'Emmanuel Macron semblait pourtant vouloir instaurer depuis son arrivée à l'Élysée, la position française est vécue comme un affront en Algérie. Une rupture actée par le rappel de son ambassadeur, puis consommée quelques semaines plus tard lors de la visite du chef de l'État à Rabat, fin octobre.
Boualem Sansal un symbole des tensions
C'est peu après qu'intervient l'arrestation de Boualem Sansal. L'écrivain franco-algérien est arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, puis condamné fin mars à cinq ans de prison pour "atteinte à l'intégrité du territoire". La justice algérienne lui reproche des propos tenus dans le média français d'extrême droite Frontières, mais plus largement, Boualem Sansal, âgé de 80 ans et sévère critique du pouvoir en Algérie, devient l'incarnation des crispations entre les deux pays.
À travers son cas se dessine aussi le poids des jeux de politique intérieure qui pèsent sur les relations diplomatiques. Plus de 60 ans après l'indépendance, cibler l'ancienne puissance coloniale reste payant politiquement de l'autre côté de la Mediterranée, quand le moindre débat sur l'Algérie suscite en France des réactions épidermiques et des débats enflammés, comme la récente polémique sur les propos de Jean-Michel Aphatie l'a encore montré.
Le bras de fer autour des OQTF
Un homme symbolise à lui seul cet engrenage : Bruno Retailleau, qui a fait de la fermeté vis-à-vis de l'Algérie son cheval de bataille et sa signature politique, devenant par là même, la cible favorite du pouvoir algérien. "Tout ce qui est Retailleau est douteux", disait en février dernier le président algérien, Abdelmajid Tebboune, dans une rare interview accordée à la presse française, où il reprochait au ministre de l'Intérieur ses "propos incendiaires".
La place Beauvau est ainsi devenue l'épicentre de chaque épisode de tensions ces dernières semaines, sur fond de bras de fer autour des OQTF. La dernière éruption d'une relation tumultueuse et orageuse, en attendant la prochaine éclaircie.
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