"Story killers" : soupçon de sabotage lors de la consultation de 2014 sur l'indépendance de la Catalogne
Pour sauvegarder cet article, connectez-vous ou créez un compte monfranceinfo
Sans paiement. Sans abonnement.
/2023/07/07/64a7df4c5fe71_placeholder-36b69ec8.png)
/2023/02/15/63ecfc112047c_catalogne.jpg)
Nous sommes le 9 novembre 2014, 2,3 millions de catalans se déplacent aux urnes - cela correspond à un tiers du corps électoral - pour cette consultation sans effet juridique, mais organisée avec rigueur. Le gouvernement catalan pousse en faveur de l’indépendance et veut montrer qu’un référendum est possible.
Sauf que ce jour-là, une cyberattaque d’une ampleur inédite parvient à mettre hors service le site web du référendum et d’autres serveurs du gouvernement catalan, comme le service de météo ou plus grave le système d’urgence médicale .Il se retrouve paralysé : les dossiers de milliers de patients disparaissent et des interventions chirurgicales doivent être reportées.
Une structure de désinformation dirigée par un entrepreneur israélien
La cellule investigation de Radio France a enquêté pendant plusieurs mois aux côtés de 30 médias internationaux dans le cadre du projet "Story Killers", coordonné par Forbidden Stories. Il lève le voile sur les coulisses de l’industrie de la désinformation, aujourd’hui en plein essor. Et selon les journalistes du consortium, derrière cette attaque en Catalogne se cache la structure de désinformation dirigée par un entrepreneur israélien de 50 ans, Tal Hannan, qui se fait appeler Jorge.
Il a reconnu être l’auteur de l’attaque à deux journalistes d’El Pais (article en espagnol réservé aux abonnés). Ils se sont fait passer pour de potentiels clients de DemoMan Internationals, le nom de la société clandestine israélienne. Jorge s’est réuni avec eux via zoom et leur a expliqué qu’il était notamment responsable de cette attaque. Il a aussi raconté comment il avait diffusé sur le web de faux documents qui accusent l’indépendantisme catalan d’avoir des liens avec le groupe État islamique. Tal Hannan qui a été sous commandant de l’armée israélienne a également suivi des formations auprès de la police espagnole.
Des révélations qui font du bruit à Barcelone
La presse catalane cherche à savoir si l’entrepreneur a des liens avec Madrid et si les services secrets espagnols sont les commanditaires de cette attaque. Pour l’ancien président catalan, Carles Puigdemont, ça ne fait aucun doute. Dans un tweet publié mardi 14 février au matin, il assimile cette tentative de déstabilisation à celle du GAL, ce groupe paramilitaire clandestin financé par le gouvernement espagnol qui avait exécuté dans les années 1980 des membres de l’organisation basque l’ETA.
Cette opération s’ajoute à d’autres affaires comme l’espionnage massif dont ont été victimes des indépendantistes catalans via le logiciel Pegasus. Un espionnage qui fait l’objet d’une enquête au Parlement européen.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.