Sanctions pour 55 Ehpad après des contrôles : une "grande opération d'écran de fumée" selon le vice-président de l'AD-PA

Un plan de contrôles des Ehpad lancé en 2022 a permis d'identifier 55 établissements particulièrement problématiques qui ont écopé de sanctions graves, annonce la ministre de l'Autonomie et du Handicap mardi.
Article rédigé par franceinfo
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55 Ehpad ont été sanctionnés après des contrôles. (Photo d'illustration). (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS)
55 Ehpad ont été sanctionnés après des contrôles. (Photo d'illustration). (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS)

"La réponse de l'État n'est absolument pas à la hauteur", estime mardi 25 mars sur franceinfo Pascal Champvert, vice-président de l'AD-PA, l'association des directeurs au service des personnes âgées, alors que le plan de contrôles des Ehpad lancé en 2022 a permis d'identifier 55 établissements particulièrement problématiques, qui ont écopé de "sanctions graves". Selon lui, "cela ne sert à rien de contrôler toute une profession".

Il avance que "tout cela n'est pas sérieux. Quand vous avez une bavure dans un commissariat de police, le ministre de l'Intérieur fait une enquête approfondie dans ce commissariat, il ne contrôle pas tous les commissariats de police, les gendarmeries et les gardes champêtres."

L'État est "largement responsable"

Selon lui, "les ARS, les départements" connaissaient ces 55 établissements sanctionnés "avant de faire cette grande opération d'écran de fumée". "L'État essaie de faire croire que suite à l'affaire Orpea [groupe d'Ehpad privé dont les méthodes ont été révélées dans un livre-enquête en 2022], il n'est responsable de rien. Pour cacher le fait que l'État est largement responsable de l'ensemble des situations dans les établissements, il contrôle toute la profession. 80% des établissements sont des établissements publics ou associatifs, dont l'entièreté du budget est contrôlée par les pouvoirs publics et décidée par les pouvoirs publics".

"Le problème numéro un des établissements, c'est le manque de professionnels. Et d'où vient ce manque de professionnels ? Des pouvoirs publics et essentiellement de l'État."

Pascal Champvert, vice-président de l'AD-PA

sur franceinfo

Il affirme que "des choses ont changé depuis le scandale Orpea : la plupart des établissements publics et associatifs ont vu leur budget baisser." Selon Pascal Champvert, l'État "met les établissements encore plus en difficulté qu'auparavant. En 2006, le Premier ministre de l'époque, Dominique de Villepin disait qu'il fallait 8 professionnels pour 10 personnes âgées dans les établissements. Vingt ans après, on est à peine à 6 pour 10. L'État n'a pas tenu ses promesses. Il essaie de faire croire que les difficultés patentes du secteur sont la responsabilité des professionnels. Résultat des courses : aujourd'hui, il nous dit que 0,8% de professionnels ne font pas leur travail."

Le secteur "ne cesse de s'appauvrir"

Le vice-président de l'AD-PA estime que le gouvernement doit mettre en place une loi grand âge, "comme l'avaient promis Nicolas Sarkozy et François Hollande, et comme l'a promis Emmanuel Macron", rappelle-t-il en pointant du doigt "le manque d'ambition des pouvoirs publics".

Il affirme que "les choses ont empiré dans la plupart des établissements et des services à domicile", avançant que 80% des établissements publics et associatifs sont aujourd'hui en déficit et que "le secteur ne cesse de s'appauvrir".

Enfin, il constate qu'aujourd'hui, "la crise se double d'une nouvelle crise" : "Compte tenu du manque de professionnels, les difficultés des salariés au quotidien font que certains d'entre eux s'en vont et que de moins en moins de salariés veulent venir travailler dans le secteur de l'aide aux personnes âgées", et ce, alors que c'est un "métier merveilleux".

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