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Retour au Maroc, un mois aprÚs le séisme

Le royaume chérifien panse toujours ses plaies, un mois aprÚs le tremblement de terre du 8 septembre dernier, qui a fait plus de 3.000 morts dans le pays, comme en témoigne cette Française, installée de longue date à Marrakech.
Article rédigé par Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Ce sont les constructions traditionnelles marocaines, comme ici dans la région de Talaat n'Yacout, à une quinzaine de kilomÚtres de l'épicentre du séisme, qui ont le mieux résisté. (AURORE CHAFFANGEON)
Ce sont les constructions traditionnelles marocaines, comme ici dans la région de Talaat n'Yacout, à une quinzaine de kilomÚtres de l'épicentre du séisme, qui ont le mieux résisté. (AURORE CHAFFANGEON)

L’heure est toujours au dĂ©blaiement des gravats, un mois jour pour jour, aprĂšs le sĂ©isme meurtrier qui a particuliĂšrement touchĂ© la rĂ©gion montagneuse de l’Atlas. Aurore Chaffangeon vit au Maroc depuis 23 ans, et se souvient de cette fameuse soirĂ©e du 8 septembre dernier, oĂč elle Ă©tait chez elle Ă  Marraekch :

"Ma maison a complĂštement bougĂ©. J’avais l’impression qu’un train passait au rez-de-chaussĂ©e avec un bruit assourdissant. C’était trĂšs impressionnant."

A Ouirgane, à une quinzaine de kilomÚtres de l'épicentre du séisme, l'école a rouvert et accueille provisoirement les enfants sous des tentes. (MARIUS BOULESTEIX)
A Ouirgane, à une quinzaine de kilomÚtres de l'épicentre du séisme, l'école a rouvert et accueille provisoirement les enfants sous des tentes. (MARIUS BOULESTEIX)

CrĂ©atrice d’un magazine de mode et de tourisme, Madame Ă  Marrakech, la Française gĂšre aussi depuis deux ans un centre destinĂ© Ă  offrir des activitĂ©s culturelles Ă  700 enfants des quartiers dĂ©favorisĂ©s de Marrakech, "les Étoiles de JemaĂą El Fna".

Si la ville a relativement Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©e, Ă  part le Mellah, l’ancien quartier juif de la mĂ©dina complĂštement dĂ©truit, ce sont les petits villages jusqu’à 70 kilomĂštres autour de Marrakech, qui ont le plus souffert. Plus de 50.000 habitations ont Ă©tĂ© partiellement ou totalement dĂ©truites.

Un mois plus tard, le nombre de sans-abris a explosĂ©. Ils essaient de survivre dehors, ou dans des tentes qui remplacent les maisons effondrĂ©es. Ce qui inquiĂšte aujourd’hui les autoritĂ©s, c’est l’arrivĂ©e des premiers froids et des premiĂšres pluies.

A Ouirgane, à une trentaine de kilomÚtres de l'épicentre du séisme, les enfants ont retrouvé le sourire un mois aprÚs le tremblement de terre. (MARIUS BOULESTEIX)
A Ouirgane, à une trentaine de kilomÚtres de l'épicentre du séisme, les enfants ont retrouvé le sourire un mois aprÚs le tremblement de terre. (MARIUS BOULESTEIX)


"Les tentes sous lesquelles les gens sont installés ne sont pas isolées,
souligne la Française. DĂšs qu’il va pleuvoir, ça va glisser sous la terre. Il y a encore des roches qui risquent de tomber. C’est plus compliquĂ©." 
En tout, plus de 500 écoles ont été détruites par le tremblement de terre.

Aurore Chaffangeon Ă  Marrakech : "Ce qui inquiĂšte aujourd’hui les autoritĂ©s, c’est l’arrivĂ©e des premiers froids et des premiĂšre pluies. Les tentes sous lesquelles les gens sont installĂ©s ne sont pas isolĂ©es. DĂšs qu’il va pleuvoir, ça va glisser sous la terre. Il y a encore des roches qui risquent de tomber." (MARIUS BOULESTEIX)
Aurore Chaffangeon Ă  Marrakech : "Ce qui inquiĂšte aujourd’hui les autoritĂ©s, c’est l’arrivĂ©e des premiers froids et des premiĂšre pluies. Les tentes sous lesquelles les gens sont installĂ©s ne sont pas isolĂ©es. DĂšs qu’il va pleuvoir, ça va glisser sous la terre. Il y a encore des roches qui risquent de tomber." (MARIUS BOULESTEIX)

Comment reconstruire les maisons détruites

AprĂšs le dĂ©blaiement des gravats, une Ă©preuve dantesque toujours en cours, la question est de savoir comment reconstruire les maisons dĂ©truites. "Celles qui se sont vraiment Ă©croulĂ©es sont celles qui n’étaient qu’en terre, constate Aurore. Celles qui Ă©taient construites avec de la tourbe, de la pierre et du bois ont trĂšs bien tenu. Et ce sont celles-ci qui sont vraiment traditionnelles marocaines.

Est-ce qu’on continue Ă  rĂ©utiliser la terre ? Est-ce qu’on utilise le bĂ©ton ou des choses un peu plus rapides mais tout aussi efficaces, pour ne pas dĂ©figurer non plus les villages, et pouvoir faire en sorte qu’ils retrouvent leur physionomie ?"

Une maison détruite par le séisme du 8 septembre dans un petit village de la région de Talaat n'Yacout, à une quinzaine de kilomÚtres de l'épicentre du tremblement de terre. (AURORE CHAFFANGEON)
Une maison détruite par le séisme du 8 septembre dans un petit village de la région de Talaat n'Yacout, à une quinzaine de kilomÚtres de l'épicentre du tremblement de terre. (AURORE CHAFFANGEON)


Quant aux vives critiques apparues en France, quand le Maroc a refusĂ© son aide, Aurore Chaffangeon met cela sur le compte d'une "certaine arrogance", selon elle, de l’ancienne puissance coloniale :

"En 48 heures, les militaires et les forces armĂ©es royales Ă©taient dans les montagnes. Ça a Ă©tĂ© extrĂȘmement bien gĂ©rĂ©. Le Maroc a choisi les pays qui allaient venir en aide, aussi en fonction des compĂ©tences spĂ©cifiques. Le Maroc n’avait pas besoin de la France et la France ne l’a pas compris."

A une trentaine de kilomĂštres de l’épicentre, la commune de Ouirgane reprend vie. L’association Tamounte a rouvert le prĂ© scolaire et un espace pour que les femmes puissent faire le pain et tisser des tapis. (MARIUS BOULESTEIX)
A une trentaine de kilomĂštres de l’épicentre, la commune de Ouirgane reprend vie. L’association Tamounte a rouvert le prĂ© scolaire et un espace pour que les femmes puissent faire le pain et tisser des tapis. (MARIUS BOULESTEIX)


AprĂšs quelques jours de flottement, la Française assure par ailleurs que Marrakech a retrouvĂ© une bonne partie des vacanciers qui s’y rendent chaque annĂ©e :

"Je vois autour de moi des touristes qui sont venus avec deux valises : une pour eux, et dans la deuxiĂšme, ils ont pris des vĂȘtements chauds, des duvets ou des lampes torches en disant : on vient, mais on ne viendra pas pour rien non plus ! Il faut que les gens continuent Ă  venir, et que la vie reprenne son cours."

Les autoritĂ©s marocaines ont annoncĂ© un budget de 11 milliards d’euros, destinĂ© Ă  la reconstruction des zones dĂ©vastĂ©es.

Dans la région de Talaat n'Yacout, à une quinzaine de kilomÚtres de l'épicentre du séisme du 8 septembre. (MARIUS BOULESTEIX)
Dans la région de Talaat n'Yacout, à une quinzaine de kilomÚtres de l'épicentre du séisme du 8 septembre. (MARIUS BOULESTEIX)


Aller plus loin

Les "Étoiles de Jemañ El Fna" à Marrakech

Son magazine, "Madame Ă  Marrakech"

Une vidĂ©o tournĂ©e le 22 septembre dernier par Aurore Chaffangeon montrant les dĂ©gĂąts du sĂ©isme Ă  Talaat N’Yacout, Ă  deux heures de Marrakech et Ă  12 km de l’épicentre.

Retrouvez cette chronique sur le site, l'appli et dans le magazine de la mobilité internationale "Journal des Français à l'étranger.fr"

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