: Reportage "Porter un flambeau pour ne pas qu'on oublie" : un projet inédit pour commémorer les 80 ans de la libération du camp de Buchenwald
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Le camp de concentration de Buchenwald commémore dimanche 6 avril les 80 ans de sa libération. 56 000 détenus, sur un total de 280 000, ont été exterminés par le régime nazi dans ce camp du centre de l’Allemagne.
L’écrivain espagnol Jorge Semprun faisait partie des survivants et il a fait le récit de sa déportation dans l’ouvrage L'Écriture ou la vie. Pour cette commémoration, 30 jeunes Français et Allemands vont lire dimanche des extraits de ce texte, à l’intérieur du camp. C'est un projet inédit, préparé depuis plusieurs semaines.
Michaela, 24 ans s'exerce à interpréter l’extrait qu’elle a appris par coeur : "Des dizaines de yeux exorbités nous avaient regardés passer, regardés sans nous voir". La jeune femme originaire de Bourges est assise près d’une clôture barbelée, à quelques mètres du petit camp, où sont morts des milliers de déportés. "On voit la cheminée du crématoire, décrit-elle. On voit l'entrée de Buchenwald au loin, même les miradors qui sont sur les côtés. Et ça fait bizarre d'arriver dans ce lieu parce qu'on se dit que les choses sont réelles et on peut à peu près s'imaginer ce qui s'est passé et ce qu'ils y ont vécu".
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Entre deux répétitions, le groupe visite le camp, guidé par l’équipe pédagogique de Buchenwald. Assis sur un banc au soleil, Mohamed relit son texte. Pour participer au projet, le jeune homme de 18 ans a abandonné pendant quelques semaines son étal de fruits et légumes sur le marché de Clichy-sous-Bois. "Franchement, je ne savais rien du tout. Même l'existence du camp, je ne le savais pas. Auschwitz non plus, je ne savais pas", reconnaît le jeune homme.
"Quand tu lis ce genre de textes, super forts, tu es obligé d'imaginer cette personne qui était là, à ce moment-là. Tu l'imagines devant toi".
Mohamedà franceinfo
"C'est une grande joie de voir cette génération s'emparer de ce texte dans ce lieu. C'est aussi ça l'émotion", estime Jean-Baptiste Sastre qui met en scène le texte avec sa collègue Hiam Abbass. "Semprun s'est posé la question de savoir ce qui se passerait après la disparition de tous les survivants, indique-t-elle. Et c'est de là, aussi, qu'est venue cette idée de transmettre ce texte à une génération qui pourra continuer à témoigner des camps nazis".
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Transmettre, c'est précisément l’objectif de Rim, 23 ans : "On porte un peu la mémoire, on porte un flambeau pour ne pas qu'on oublie, pour ne pas qu'on recommence, encore une fois, les mêmes erreurs. Il faut que certaines personnes viennent ici en urgence et regardent où mène la haine de l'autre, le rejet de l'autre". Après Buchenwald, les jeunes artistes seront sur scène à Berlin début avril avant de se produire dans un théâtre parisien, au mois de juin.
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