: Reportage "On accepte tout le monde" : en Birmanie, un monastère en ruines depuis le séisme continue d'accueillir ceux qui tentent d'échapper à la junte
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Dans les hauteurs de Sagaing, en plein cœur de la Birmanie, véritable repaire de combattants anti-junte, les monastères continuent de jouer leur rôle de refuges. Ces zones rebelles sont toujours privées d'aide humanitaire, près de deux semaines après le séisme qui a touché la région, le 28 mars dernier. Près de 3 500 personnes sont mortes, 4 671 sont blessées et 214 sont toujours portées disparues suite au tremblement de terre, selon le dernier bilan communiqué, samedi 5 avril, par les médias d'État.
Dans l'un des temples de Sagaing, détruit pendant le séisme, une vingtaine de familles en provenance du nord est arrivée il y a près d'un an déjà pour fuir le conflit. Ces réfugiés vivent sous des bâches et mangent la nourriture donnée au temple par les locaux. Huit personnes de leur groupe sont mortes dans le tremblement de terre. "On est venus ici car soit on allait finir par mourir dans une frappe aérienne de l’armée, comme des centaines de villageois dans notre district, soit mes compagnons et moi on aurions été enrôlés de force dans l’armée", explique un réfugié de 38 ans.
Cet homme a perdu sa femme et est père de trois enfants, dont un bébé de sept mois. "Je me serais bien battu au côté des groupes anti-junte, mais je ne voulais pas abandonner ma famille", poursuit le père de famille. Aung Min précise que les moines leur permettent de rester ici en échange de travaux de construction et d'entretien. "Il y a aussi un programme de méditation. On se sentait en sécurité ici", ajoute-t-il.
Devenir moine pour ne pas être arrêté
Souvent, des combattants poursuivis par les autorités se présentent au temple et demandent à se faire moine pour quelque temps. C'est une façon de se protéger, car il est interdit d'arrêter ou de tuer les moines, mais l'abbé du temple a une politique stricte sur le sujet : "le boudhisme est très clair, on ne peut pas être à la fois soldat et moine." Il explique que ses confrères et lui ne "posent pas trop de questions" quand quelqu'un frappe à leur porte.
"Si certains combattants veulent se réfugier ici, on accepte tout le monde car les moines ont pour devoir de protéger la population."
L'abbé du temple de Sagaingà franceinfo
"C’est la population civile qui nous nourrit, mais si la police a reçu une information selon laquelle l’un de nos réfugiés est un combattant, et que les policiers viennent l’arrêter, on doit les laisser faire", détaille le religieux. Parce que le monastère se trouve dans les collines fréquentées par les groupes rebelles et que les routes pour y accéder sont escarpées, ces réfugiés n'ont même jamais entendu parler d'aide humanitaire. Habitués à une vie de privations, ils attendent la fin du conflit pour pouvoir rentrer chez eux.
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