: Reportage "C'est ma première scène de concert" : la SNCF organise un concours pour révéler les talents des pianistes en gare

Peut-être avez-vous entendu lors de ce week-end de Pâques, le son de quelques notes de piano dans les gares. Il y en a 70 un peu partout en France. Le premier avait été installé à Paris-Montparnasse il y a treize ans. La SNCF organise un concours intitulé "À vous de jouer", en partenariat avec Yamaha et les radios "ici" (ex-France Bleu), qui va se terminer par une grande finale nationale le 20 juin 2025.

Carl connaît ses classiques : il joue du piano depuis des années au milieu de la foule et des valises en Gare de Lyon, à Paris. "Chaque fois que je passe dans une gare, j'essaie toujours d'être en avance pour faire quelque musique et essayer de partager ça avec les passagers", raconte le jeune homme.

"On ne s'attend pas à avoir un public et les gens ne payent pas pour venir nous écouter. Ils ont un train à prendre et on est là pour faire en sorte qu'ils passent un bon moment."

Carl, pianiste

à franceinfo

Carl ne joue pas que du piano, il chante aussi. Il interprète la chanson Hallelujah. Les smartphones sont braqués sur lui et sur le piano de la Gare de Lyon. "Ça donne vraiment la chair de poule", confie un spectateur. "J'ai une petite larme qui a coulé. Franchement bravo, vous êtes vraiment un artiste", félicite une spectatrice émue.

A 28 ans, Carl dit s'être presque "formé" dans les gares parisiennes : "Ma première salle de concert, on va dire", explique le pianiste. Il en a depuis fait son métier. Il donne des cours et joue un peu partout en France. Il attrape ce jour-là un train pour Lyon. Le concours, s'il l'emporte, lui permettrait d'enregistrer en studio et de jouer dans un festival.

Mais on croise aussi en gare beaucoup de pianistes amateurs. "Je suis cordiste", se présente Kilian, 21 ans. Il porte encore son équipement. Il était ce matin sur un chantier : "Je m'occupe de tout ce qui est travaux en hauteur avec risque de chute, donc j'ai un baudrier et une corde." Quand il sort du travail, il vient jouer dans cette gare de Lyon ou à la gare de Saint-Lazare. "Tous les gens sont dans l'attente de leur train et peuvent nous demander de jouer leur musique préférée, raconte Kilian. Puis nous, ça nous permet de nous exercer avec une espèce de petit public improvisé, c'est sympa." Ce qui fait la magie de la gare pour le pianiste amateur.

André Manoukian en parrain du concours

"Il va gérer ce stress positif, se rassembler et être digne de son auditoire", analyse André Manoukian, qui descend du train et qui a un petit peu d'expérience en la matière. Il est parrain du concours et des pianos en gare lancés il y a treize ans par la SNCF et Yamaha. "Il y a très peu de dégradations, explique André Manoukian. Ils avaient vraiment peur de ça au tout début. Au contraire, ça n'a fait que du bon. Ça provoque que les gens s'assoient, jouent, et que les autres écoutent. Ça a provoqué du respect et une forme de communication dans les foules. Cet endroit qui est quand même éminemment anxiogène. En gare on a toujours peur de rater son train, j'ai la phobie d'arriver en avance, donc j'arrive toujours en retard. Bref, c'est un enfer."

Sur ce piano de la gare de Lyon, il y a quand même quelques notes qui mériteraient une petite intervention. "Le la est complètement faux, mais ça produit quelque chose d'un peu fantastique On dirait un morceau de Bowie. Ce n'est pas grave qu'il manque une note, par contre il y a les annonces de la SNCF. Mais on ne peut pas les arrêter, on est quand même dans une gare", sourit d'André Manoukian qui commence à jouer. "Je vais sûrement me planter mais ça ne fait rien ; et avec un la pitché !" La finale de ce concours aura lieu le 20 juin, en gare évidemment.