Quand un poisson d'avril se retrouve à l'Assemblée nationale
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C'est une question qui a pu étonner le ministre des Affaires étrangères, alors qu'il était auditionné mercredi 2 avril en commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale. "Comment vous percevez l'annonce qui a été faite hier, si elle est confirmée, de la venue du vice-président états-unien au pèlerinage de Chartres ?", lui a demandé le député La France insoumise du Val-d'Oise Arnaud Le Gall, comme le montre la captation vidéo de la commission. Celui-ci disait craindre que J.D. Vance y fasse "un discours idéologique, frontal, contre notre République et, en tout cas, avec une certaine vision de la religion qui n'a pas lieu d'être dans le débat public".
Jean-Noël Barrot a semblé étonné. "Je n'ai pas été notifié de ce projet de visite du vice-président américain", a-t-il répondu. Un silence, puis un autre membre de la commission s'exclame : "c'est un poisson d'avril".
J.D. Vance ne viendra pas au pèlerinage de Chartres
Et en effet, Arnaud Le Gall a cru, trop sérieusement, à un poisson d'avril du Salon Beige, un blog catholique traditionnaliste, anti-IVG. Le 1er avril, il a publié un long post sur son site pour parler de la venue prochaine de J.D. Vance au pèlerinage catholique traditionnaliste organisé par l'association Notre-Dame de Chrétienté depuis des années et qui aura lieu en juin. À la fin de l'article en question, il y a un lien vers la prétendue annonce officielle du vice-président américain sauf que, quand on clique sur ce lien, un poisson d'avril apparaît à l'écran.
Malgré ça, plusieurs internautes ont cru à cette farce, ou en tout cas l'ont suffisamment relayée pour qu'elle arrive aux oreilles du député LFI.
Peut-on encore faire des poissons d'avril ?
Cet incident, sans gravité, pose quand même des questions, à une époque où il y a énormément de fausses informations, où tout va très vite sur les réseaux sociaux, et où, tous les jours, des énormités sont dites et sont surtout crues par des internautes - ou par des personnalités politiques. Cela pose d'autant plus de questions lorsque l'on sait que certains poissons d'avril se retrouvent cités par des intelligences artificielles génératives, comme s'il s'agissait de véritables informations. C'est ce qui vient d'arriver à un journaliste britannique, comme le rapporte la BBC. Les IA ne percevant pas encore toujours l'ironie ou l'absurde.
C'est dans ce contexte que, depuis plusieurs années, des médias se demandent s'il est encore possible de faire des poissons d'avril, de perpétuer cette tradition vieille de plusieurs siècles. Certains ont déjà choisi de ne plus en faire, comme France 3, Numérama ou Sud-Ouest, expliquant ne pas vouloir alimenter une certaine désinformation. Vous avez peut-être remarqué qu'il y en a de moins en moins dans la presse, même locale. Cette année, le journal La Montagne a posé cette question en filigrane : quel poisson d'avril peut-on encore inventer quand, dans la vie réelle, Donald Trump veut acheter le Groenland ?
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