Quand les garagistes font le coup de la panne

Il y a quelques mois, à Caudry, dans le nord de la France, une automobiliste se rend chez son garagiste car sa voiture fait un bruit étrange. Après un diagnostic, le garagiste lui annonce une série de réparations avec à la clef, une facture de 950 euros. Mais le bruit persiste. Elle décide alors de se rendre dans une autre enseigne. Cet autre garage lui affirme que les réparations facturées par le premier n’ont pas été réalisées.

“L'autre garage me dit que mon pot n’a pas été changé, que mes biellettes barres stabilisatrices sont trop grandes pour ma voiture, que j'ai une pièce d’Audi sur ma Fiat 500. On s'est fait avoir parce que je suis jeune, que je suis une fille, il peut nous baratiner et ça a fonctionné.”, explique l’automobiliste, visiblement déçue. Après avoir contacté son garagiste initial, celui-ci persiste et affirme qu'il a bien effectué les réparations mais refuse de lui fournir des factures détaillées. Échaudée, elle porte plainte pour escroquerie.

Le secteur de l'entretien automobile, en plein essor

En France, le marché de l’entretien et de la réparation automobile ne cesse de croître, générant près de 21 milliards d’euros de chiffre d'affaires. Une croissance qui pose la question des abus dans ce secteur. Pour y répondre, nous avons fait un petit test. 

Notre équipe a emmené une voiture avec deux alertes lumineuses allumées sur le tableau de bord dans différents garages. Premier test dans un garage qui accepte de contrôler la voiture devant nos caméras. Après un diagnostic, le mécanicien nous rassure : les alertes ne sont pas inquiétantes, il faut juste réaliser la vidange. Il décide tout de même de vérifier le véhicule dans les moindres détails, avant de nous établir un premier devis de 133 euros.

En caméra cachée, des devis gonflés

Direction un autre garage, cette fois-ci, en caméra cachée. Là, le garagiste affirme qu’il faut remplacer la batterie et cela coûtera… 590 euros, soit quatre fois plus cher que le devis initial. Nous avons bien vérifié dans le carnet d'entretien et refait des tests : la batterie n'avait pas besoin d'être changée.

Nous allons dans un troisième garage. Dès que le garagiste voit les alertes, il diagnostique une panne de l’alternateur, qui immobiliserait la voiture en cas de panne. Il annonce un devis de 630 euros pour le remplacement de l’alternateur et une vidange. Le problème ? L’alternateur fonctionne parfaitement, et le garagiste ne fournit aucun devis écrit, ce qui est illégal.

Trois quarts des garages contrôlés ont des anomalies

En 2024, près de trois quarts des garages contrôlés par la direction de la répression des fraudes ont présenté des anomalies. Ces irrégularités varient, allant de simples soucis d'affichage à des pratiques plus graves. Mais la Fédération Nationale de l'Automobile tient à  nuancer ce chiffre : " Ma réaction, c'est de se dire qu'il y a 1581 garages qui ont été contrôlés sur les 170 000 que représente l'artisanat de l'automobile en France. Il y a des abus mais ce n'est pas la généralité. ", explique Bruno Choix, vice-président de la fédération. Un devis reste obligatoire pour des réparations supérieures à 200 euros. En cas de fraude avérée, la tromperie peut entraîner jusqu’à deux ans de prison et une amende de 300 000 euros.