Pape François : l'Argentine suspendue au combat contre la maladie d'un homme fort "spirituellement et psychologiquement"

La santé du pape inquiète le monde entier. Mais en Argentine, la santé de "Francisco", comme ils l’appellent, fait la une des journaux depuis le début de son hospitalisation, le 14 février 2025, et les comptes-rendus médicaux sont suivis chaque jour avec préoccupation.
Article rédigé par Caroline Vicq
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Veillée pour prier pour la santé du pape à Buenos Aires, le 7 mars 2025. (TOMAS CUESTA / AFP)
Veillée pour prier pour la santé du pape à Buenos Aires, le 7 mars 2025. (TOMAS CUESTA / AFP)

Dimanche midi, la messe se termine à la basilique San Jose de Flores, à Buenos Aires, la paroisse où Jorge Bergoglio, avant de devenir le pape François, n’était encore qu’un jeune curé. Ici, tous les fidèles sont inquiets de la santé du souverain pontife, alors qu'il est hospitalisé pour une double pneumonie. Même si le Saint-Père semble aller mieux, mardi 18 mars, son diagnostic est toujours réservé.

"Ici, en Argentine, on a prié pour lui lors des messes, de manière individuelle, dans les couvents et les séminaires, raconte Stella Maris, 70 ans. Tout le monde prie pour que le Pape se rétablisse. Dans la basilique, ils ont installé son portrait et les gens viennent s’y recueillir. Il y a un fort rapprochement spirituel avec le pape, en particulier dans cette église, où il a reçu son appel. Mais on sait qu’il a foi en sa religion et en ses fidèles. On sait qu’il veut vivre."

Opposition entre le pape et le président argentin

Aimé comme un père, le pape François est aussi critiqué par de nombreux Argentins pour ses positions politiques. C’est le cas du président libertarien Javier Milei qui, pendant sa campagne en septembre 2023, lors d’une interview télévisée, avait déclaré : "Le pape joue sur l’échiquier politique. C’est un pape qui a une forte ingérence politique. Et il a des affinités avec les communistes assassins. Il est toujours du côté des gens de gauche, même si ce sont de véritables criminels."

Le pape François n’a pas non plus hésité à critiquer Javier Milei, affirmant regretter que le gouvernement argentin ne préfère la répression à la justice sociale. Les deux hommes se sont cordialement rencontrés en 2024 mais leur relation reste distante et l’opinion publique reste divisée. "En Argentine, beaucoup n’aiment pas le Pape parce qu’ils disent qu’il fait trop de politique", raconte Margarita, 81 ans.

"Ils ne l’aiment pas parce qu’il dit la vérité, qu’il est proche des pauvres et des gens sans défense."

Margarita, 81 ans

à franceinfo

"Moi, je l’aime beaucoup, poursuit la vieille dame, parce qu’il montre qu’il faut avoir une position politique dans la vie. C’est un être extraordinaire. Il est courageux et il a du caractère. On a besoin de gens comme lui. Pas des autres qu’on a au gouvernement, qui sont des guignols."

L'image d'un homme fort et courageux

Au-delà des disputes idéologiques, le pape François est ici admiré pour son combat pour la vie, et pour sa lutte contre ceux qui attendraient de prendre sa place. Le curé de la basilique San José et ami du pape, le père Martin Bourdieu témoigne : "François s’est confronté aux lobbies et aux guerres internes. Il savait que la guerre de succession allait arriver. Il a beaucoup de courage, il n’a pas peur. C’est un homme fort, spirituellement et psychologiquement. C’est pour ça qu’il n'a pas voulu démissionner. Pas pour le moment; parce qu’il doit savoir qu’il a encore beaucoup à donner à l’Église. Donc il va de l’avant."

Aujourd’hui, la santé fragile du pape François semble avoir dissipé les divisions politiques. De droite ou de gauche, les Argentins sont tous aujourd’hui des chrétiens qui prient pour le prompt rétablissement de leur pape.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.