Obsèques du pape François : des dirigeants du monde entier réunis sur fond de tensions internationales
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Des dirigeants du monde entier sont attendus samedi 26 avril place Saint-Pierre à Rome, pour assister aux obsèques de François. Emmanuel Macron, Donald Trump ou Volodymyr Zelensky ont déjà confirmé leur présence. Au-delà du recueillement et de l’émotion, il y aura aussi un aspect diplomatique à cette journée.
Un paradoxe : le pape François fuyait les réunions entre grands de ce monde. Il avait d’ailleurs snobé la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris, un événement mondain garni de têtes couronnées et de chefs d’État. Très peu pour lui. Fidèle à sa devise, celle d’aller vers les "périphéries", le souverain pontife avait préféré se rendre en Corse, une semaine plus tard, pour célébrer une messe populaire dans les rues d’Ajaccio.
Mais évidemment, samedi, Rome sera le centre du monde. Plusieurs dizaines de chefs d’État et de gouvernement font le voyage, un casse-tête à venir pour les services du protocole. Qui placer où ? Et à côté de quel voisin ? Sujet sensible. Il y a 20 ans, lors des obsèques du pape Jean-Paul II, le prince Charles, futur roi d’Angleterre, avait créé la polémique en serrant la main du dictateur Mugabe. Gare aux faux pas diplomatiques.
Poutine et Netanyahou parmi les rares absents
Le roi et de la reine d’Espagne seront présents, ainsi que le président irlandais et des dirigeants polonais, qui ont d'ailleurs décrété samedi, jour de deuil national dans leur pays. Mais à ces obsèques il n'y aura pas que des inconditionnels du pape. Certains invités ont même eu par le passé des mots assez cruels. À l'image du président argentin, le fantasque Javier Milei. Pendant sa campagne présidentielle, il y a deux ans, il avait qualifié le souverain pontife de "personnage néfaste", de "représentant du diable", et de "communiste", ce qui n'est bien sûr pas un compliment dans la bouche de ce très libéral économiste devenu président. Même si Javier Milei a ensuite corrigé son propos, dans une interview à la télévision italienne. "Le pape est l'Argentin le plus important du monde, le leader des catholiques du monde entier", avait-il déclaré. Javier Milei a d'ailleurs échangé une chaleureuse accolade avec François au Vatican.
Donald Trump sera aussi présent. Là non plus, les relations n'ont jamais été cordiales, après les critiques du pape contre les expulsions massives de migrants. Le président américain avait jugé scandaleuse l'ingérence politique du souverain pontife. "Je voudrais qu’il se concentre sur l’Église catholique et qu'il nous laisse nous occuper de nos frontières", avait répondu un proche de Donald Trump, Tom Homan, précisément chargé de la question des expulsions. Mais évidemment, samedi, tout cela sera oublié. Et puis après tout, être commémoré par des gens qui ne vous appréciaient pas toujours de votre vivant, c’est sans doute le propre de toutes funérailles.
Toute la planète sera représentée ou presque toute. Sur près de 200 pays dans le monde, seuls 13 pays n'ont pas établi de relations diplomatiques avec le Vatican. Parmi eux, la Chine et l'Arabie saoudite. Absence notable également, celle de Vladimir Poutine. Le président russe est sous la menace d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, tout comme Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, qui avait de toute façon fort peu apprécié les critiques acerbes de François à propos de la guerre à Gaza.
La "diplomatie funéraire"
Il est rare de compter autant de dirigeants réunis en aussi peu de mètres carrés. Peut-être à l'assemblée annuelle des Nations unies, et encore. Alors au-delà de l'émotion du moment, les entretiens bilatéraux, les échanges en tête-à-tête vont effectivement se multiplier. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé mardi qu'il souhaite s'entretenir avec Donald Trump, en marge de ces obsèques. Peut-être a-t-il en tête l'exemple de Barack Obama, lors des funérailles de Nelson Mandela, il y a douze ans, et cette poignée de main historique avec le président cubain, qui avait auguré du rapprochement entre les deux pays.
Une forme de "diplomatie funéraire". Cette expression existe, elle a été inventée par la presse japonaise, à la fin des années 1980, après les obsèques de l'empereur japonais Hiro-Hito. À l’époque, plus de 160 dirigeants du monde entier s'étaient rendus à la cérémonie. Et ils avaient profité de cette synchronisation de leur agenda pour évoquer ensemble les problèmes économiques de l'époque, notamment le déficit commercial et le protectionnisme. Ça nous rappelle quelque chose. Il n'est donc pas exclu, samedi, qu'après les liturgies et les cantiques, il soit question de commerce et de droits de douane.
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