Mort du pape François : ses douze ans de pontificat en 12 dates

Douze années de pontificat entre le 13 mars 2013, jour où le cardinal Jorge Mario Bergoglio est élu 266e pape de l’Église catholique, et le 21 avril 2025, jour de sa mort. Très vite, il se démarque de son prédécesseur : là où Benoît XVI se montrait distant et parfois maladroit dans ses déclarations, François se tient à l'écart des ors du Vatican et cultive une image de modernité et d'ouverture, opposant son franc-parler aux pesanteurs de la Curie romaine. Au cours de ses 12 années comme souverain pontife, il réalise 47 voyages apostoliques en dehors de l'Italie et visite plus de 60 États et territoires.

1 Le 8 juillet 2013 : le pape dénonce à Lampedusa la "mondialisation de l'indifférence" face au drame des migrants

Pour son premier déplacement hors du Vatican, le pape choisit l'île italienne de Lampedusa, entre la Sicile et la Tunisie, porte d'entrée des migrants du Moyen-Orient et d'Afrique en Europe. Il y dénonce la "mondialisation de l’indifférence" face au drame des migrants. "Nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle", regrette le pape dans son homélie. Trois ans plus tard, le 16 avril 2016, le pape se rendra sur l’île grecque de Lesbos et rentrera en Italie accompagné de douze réfugiés syriens. L’accueil des migrants est un sujet majeur du pontificat de François, lui-même fils d’immigrés italiens en Argentine, et qui s'est fait l'inlassable défenseur des migrants fuyant la guerre ou la misère.

2 Le 29 juillet 2013 : "On ne doit pas marginaliser les homosexuels" qui sont "nos frères"

De retour d'un voyage au Brésil, le pape Fançois se confie sur l'homosexualité. "Si une personne est gay et qu'elle cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? Le catéchisme de l'Église catholique dit très bien qu'on ne doit pas marginaliser les homosexuels. Ils sont nos frères." Une position pragmatique sur une question que le pape abordera à plusieurs reprises. La dernière fois le 25 janvier 2023, affirmant dans un entretien qu'"être homosexuel n'est pas un crime", tout en ajoutant que cette orientation sexuelle constitue à ses yeux "un péché".

En octobre 2020, François se déclarera dans un documentaire favorable à l'union civile des personnes homosexuelles. Une indéniable ouverture, même si François a maintenu, en douze ans de pontificat, la doctrine catholique sur le mariage des prêtres, l'avortement ou l'homosexualité.

3 Le 18 juin 2015 : l'écologie au programme de l'encyclique "Laudato Si"

"Laudato si" ("Loué sois-tu") est la seconde encyclique, une lettre adressée aux évêques et à tous les fidèles, du pape François, mais la première considérée comme intégralement rédigée par le pontife. Il la consacre aux questions environnementales et sociales et à l’écologie. Dans ce texte, le pape critique le consumérisme et le développement irresponsable, tout en dénonçant la dégradation environnementale et le réchauffement climatique. Un réquisitoire contre la finance, exaltant la sauvegarde des ressources de la planète et dénonçant en termes cinglants l'exploitation des hommes et de la nature.

C'est la première encyclique de l’histoire de l’Église catholique consacrée à la question écologique. Par ailleurs, François, soutien de l'accord de Paris et de la COP21, répète dans diverses conférences son engagement pour une "écologie intégrale".  

4 Juillet 2017 : Pontifex dépasse les 35 millions d'abonnés sur X

C'est son prédécesseur Benoît XVI qui l’a créé, mais c'est François qui l'utilise le premier, le dimanche 17 mars 2013 : le compte X Pontifex devient rapidement un canal de communication quasi quotidien pour le pape. Et en juillet 2017, il dépasse les 35 millions d'abonnés avec ses déclinaisons en neuf langues, l’anglais, l’espagnol, le portugais, l’italien, le français, le polonais, l’allemand, l’arabe et le latin. Cette dernière version dépasse le million de followers : le compte est donc plus suivi en latin qu'en arabe ou en allemand. Autre particularité de Pontifex, le pape François ne suit aucun autre compte sur X.

5 Le 21 février 2019 : un sommet sur les violences sexuelles dans l'Église

En août 2018, le pape adresse une lettre "au peuple de Dieu" afin de réaffirmer l’engagement de l’Église catholique pour garantir "la protection des mineurs et des adultes vulnérables" contre les violences. Face aux scandales de ces violences sexuelles et de leur gestion, le 16 février 2019, François défroque le cardinal américain Theodore McCarrick pour violences sexuelles sur mineurs. Le 21 février, il réunit au Vatican tous les présidents des Conférences épiscopales pour trois jours de retraite. L’aboutissement de ce sommet sur les violences dans l'Église donne lieu au motu proprio "Vous êtes la lumière du monde", paru en mai 2019, qui établit de nouvelles procédures de dénonciation des cas de violences sexuelles. 

Pour lutter contre la pédocriminalité dans l'Église, François impose une série de mesures : levée du secret pontifical sur les violences sexuelles du clergé, obligation pour les religieux de signaler tout cas à leur hiérarchie, plates-formes d'écoute dans les diocèses du monde entier, etc. Mais le secret de la confession demeure absolu.

6 Le 6 octobre 2019 : la question des prêtres mariés écartée lors du synode d'Amazonie

Le pape François convoque les évêques d’Amazonie pour une assemblée spéciale sur les "nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale". Si la situation alarmante de l’environnement amazonien est au programme de ce synode sur l'Amazonie, ce sont les questions de l’ordination de viri et probati (hommes mariés) et celle des diaconesses qui attirent l'attention. Le document final, l'exhortation apostolique "Querida Amazonia", déçoit les progressistes qui attendaient un tournant historique : il ne mentionne aucune des propositions sur le sujet. En février 2020, François réitère son attachement à la règle du célibat des prêtres, dans un livre entretien paru en Italie et consacré au pape Jean-Paul II.

7Le 17 avril 2020 : une bénédiction "Urbi et Orbi" sous le signe du Covid-19

Face à la pandémie de Covid-19, le monde entier ou presque est confiné. Le 11 mars 2020, face à l’urgence sanitaire, le pape François envoie un message vidéo pour "confier à la sainte Vierge Rome, l’Italie et le monde, en signe de salut et d’espérance". Deux jours auparavant, le pontife a offert la première messe filmée en direct pour les personnes atteintes du coronavirus. Et le dimanche 12 avril 2020, François prononce une bénédiction "Urbi et Orbi" depuis une Basilique Saint-Pierre de Rome désertée de ses fidèles pour éviter la propagation du virus.

8 Le 4 octobre 2020 : l'encyclique "Fratelli Tutti" s'insurge contre "le dogme néolibéral"

Certains y ont vu un testament spirituel de François. L'encyclique "Fratelli Tutti", la troisième de son pontificat, est un document de 287 paragraphes qui brosse un "nouveau rêve de fraternité et d'amitié sociale". Le pape s'y insurge en particulier contre "le dogme néolibéral […], une pensée pauvre, répétitive […] qui poursuit comme objectif principal le gain facile [et] continue à faire des ravages". François promeut dans cette encyclique plusieurs figures de fraternité : François d'Assise, mais aussi Martin Luther King, Desmond Tutu, Mohandas Karamchand Gandhi ou Charles de Foucauld.

Dès son élection en 2013, le jésuite argentin est régulièrement taxé de "marxiste". François s'en défend dans une interview au quotidien italien La Stampa, indiquant que "l'idéologie marxiste est erronée, mais dans ma vie j'ai rencontré de nombreux marxistes qui étaient des gens bien".

9Le 28 décembre 2022 : François dénonce Noël réduit à une "fête ringarde et consumériste"

Ce n'est pas la première fois que le pape François dénonce une "insatiable voracité consumériste" qui fait que "quelques-uns se livrent à des banquets tandis que d'autres n'ont pas de pain pour vivre". Lors de l’audience générale du 28 décembre 2022, il s’inquiète une nouvelle fois de "tout l’argent que l’on dépense pour la vanité mondaine" à Noël, critiquant sa réduction "à une fête ringarde et consumériste".  Il appelle à "retrouver le sens de Noël", plaidant pour une Église charitable au service des pauvres. 

10 Le 5 janvier 2023 : François préside les obsèques de son prédécesseur Benoît XVI

Un pape qui enterre un pape : c'est un cas de figure inédit. Le 5 janvier 2023, François préside les obsèques de son prédécesseur Benoît XVI. Lui-même très diminué pour une affection au genou, François, 86 ans, doit se déplacer en chaise roulante. Et faire face aux questions sur son état de santé et la suite de son pontificat. Sera-t-il le deuxième pape à démissionner ? Il reconnaît, fin 2022, avoir signé il y a près de dix ans une lettre de démission dans l'éventualité où des problèmes de santé l'empêcheraient de remplir ses fonctions. Mais il écarte pour l'heure cette option : une renonciation ne figure "pas à son agenda pour le moment". Et "la démission d'un pape ne doit pas devenir une mode", glisse-t-il dans un entretien à la revue Civilta cattolica.

11 Le 23 septembre 2023 : le pape célèbre une messe au stade Vélodrome à Marseille

Ils sont 62 000 fidèles à assister à la messe que donne le pape François dans la célèbre enceinte marseillaise. Le souverain pontife rend hommage aux migrants disparus en tentant de traverser la mer Méditerrannée : "Contre le terrible fléau de l’exploitation des êtres humains, la solution n’est pas de rejeter, mais d’assurer, selon les possibilités de chacun." En tout, François se rend en France à trois reprises durant son pontificat : à Strasbourg, le 25 novembre 2014, où il visite le Conseil de l'Europe et le Parlement européen, puis à Marseille, près de 10 ans plus tard, et en Corse, le 15 décembre 2024. Il décline l'invitation d'Emmunuel Macron pour la réouverture de Notre-Dame de Paris, une semaine plus tôt.

12 Le 14 février 2025 : François est hospitalisé pour une double pneumonie

Le pape est soigné cinq semaines dans un hôpital romain en raison d'une bronchite aggrave en pneumonie affectant les deux poumons. Pendant son hospitalisation, le Vatican donne régulièrement de ses nouvelles, le décrivant comme affaibli mais dans un état stable. Le 16 mars 2025, le souverain pontife se dit "confronté à une épreuve" dans un message. Il ne préside plus la prière de l'Angelus, qu'il célèbre normalement tous les dimanches à midi en public, une première depuis son élection en mars 2013. Il sort de l'hôpital le 23 mars 2025. Son médecin, Sergio Alfieri, révèle dans Corriere della Sera, que le pape a frôlé la mort à deux reprises au cours de son hospitalisation. Il s'éteint le 21 avril 2025, à l'âge de 88 ans.