Mort du pape François : comment le rituel des funérailles papales a été complètement remanié par le souverain pontife, de son vivant
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"Vere Papa mortuus est." Cette phrase traditionnelle, qui signifie en latin "En vérité, le pape est mort", a été prononcée par le camerlingue, l'homme en charge de l'intérim des affaires du Vatican, pour acter la vacance du Saint-Siège après la mort du pape François, lundi 21 avril, à l'âge de 88 ans.
Le cardinal américain Kevin Farrell, l'actuel titulaire du poste, a d'abord constaté le décès du pontife argentin, avant de mettre sous scellés les appartements du pape et de détruire l'anneau du pêcheur, insigne remis au début du pontificat.
Tous ces gestes sont réalisés selon un rituel précis et préétabli, codifié par l'Ordo Exsequiarum Romani Pontificis. Cet épais livre à la couverture rouge, publié pour la première fois en 2000 sous le pape Jean-Paul II, a été récemment modifié. La nouvelle version a été approuvée en avril 2024 par le pape François, avec comme objectif davantage de simplicité. "Il est assez courant que les papes modifient la liturgie qui concerne leurs funérailles", explique à franceinfo Eric Lebec, auteur de l'ouvrage Histoire secrète de la diplomatie vaticane (éditions Albin Michel, 2000). Voici les principaux changements prévus par le pape François.
La constatation de la mort du pape dans sa chapelle privée
La première évolution concerne le lieu de la constatation de la mort du pape. Le camerlingue, accompagné du maître des célébrations liturgiques (actuellement l'archevêque Diego Ravelli), a observé le décès de Jorge Mario Bergoglio non pas dans la chambre du pape, comme cela était prévu auparavant, mais dans sa chapelle privée, située dans la résidence Sainte-Marthe, au cœur du Vatican.
Le dépôt de sa dépouille dans un unique cercueil de bois
Après la constatation de sa mort, le pape doit être immédiatement déposé dans un unique cercueil de bois et de zinc. Cela met donc fin au rituel historique prévoyant trois cercueils imbriqués en cyprès, en plomb et en chêne, dans lesquels le chef de l'Eglise catholique était placé au bout de trois ou quatre jours. "Le pape François a voulu un rituel moins étonnant, plus proche de celui des simples fidèles, observe Eric Lebec. Cela raconte une forme d'humilité, de simplification."
En présentant le nouveau cérémonial, Diego Ravelli a effectivement expliqué que le nouveau rite "souligne que les funérailles du pontife romain sont celles d'un pasteur et disciple du Christ, et non d'un homme puissant de ce monde." Depuis son élection à la tête de l'Eglise catholique en 2013, François avait cherché à s'affranchir des rites fastueux pour plus de simplicité et de proximité avec les fidèles, préférant ainsi un petit appartement dans une résidence plutôt que les ors du palais apostolique.
L'exposition de son corps à l'intérieur même du cercueil ouvert
Les textes prévoient un rite funéraire décomposé en trois "stations" : dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe, dans la basilique Saint-Pierre et enfin dans le lieu de la sépulture. Toujours dans cet objectif de se rapprocher du commun des mortels, la deuxième étape a été amendée. Au sein de la basilique, le pape François ne sera pas exposé sur un catafalque, à l'image de ses prédécesseurs, mais sera montré aux fidèles à partir de mercredi à l'intérieur même de son cercueil ouvert.
Sur les premières photos, le pape porte une mitre blanche et une chasuble rouge, tandis que ses mains tiennent un chapelet. Autre évolution, la férule papale (une crosse en forme de croix) ne sera pas placée à côté du cercueil pendant l'exposition dans la basilique Saint-Pierre. "C'est un insigne du pape récent, qui date de Paul VI [pape de 1963 à 1978]", commente Eric Lebec, qui voit dans ce choix une nouvelle volonté de rupture. "Il s'agit d'un pape qui a ignoré le plus possible les usages, les traditions."
Enfin, contrairement aux funérailles de ses prédécesseurs, il n'y aura pas de cérémonie de fermeture du cercueil. "Le dépôt dans le cercueil ayant déjà eu lieu après la constatation du décès, il est fermé la veille de la messe des funérailles", explique Vatican News. "Tout se fera dans la même cérémonie, comme pour tout chrétien", annonçait lui-même Jorge Mario Bergoglio dans le livre-entretien Le Successeur. Mes souvenirs de Benoît XVI (éditions Planeta, 2024).
L'inhumation prévue dans la basilique Sainte-Marie-Majeure
Le Saint-Père doit rejoindre sa dernière demeure samedi, soit cinq jours après sa mort. Contrairement à ses prédécesseurs, François a exprimé son souhait de reposer au sein de la basilique Sainte-Marie-Majeure, et non pas dans la crypte de la basilique Saint-Pierre. Les textes ont donc été modifiés pour permettre cette évolution. "L'endroit est prêt", avait expliqué le pape dans une interview de décembre 2023 à la chaîne de télévision mexicaine NMas. Il a justifié son choix par le "très grand lien" qu'il a développé avec cette église, où il avait pour habitude d'aller prier avant et après chacun de ses voyages devant une icône de la Vierge.
Il faut remonter au XIXe siècle ou au tout début du XXe, avec les papes Pie IX et Léon XIII, pour trouver la trace de souverains pontifes choisissant de déserter la nécropole papale de Saint-Pierre de Rome. "Ce choix est une rupture, il sera à Sainte-Marie-Majeure au lieu d'être inhumé à côté de Saint-Pierre [apôtre et premier évêque de Rome], constate Eric Lebec. Il n'a pas cessé d'étonner à travers son pontificat, et ce choix pour ses funérailles est un dernier clin d'œil, un dernier étonnement."
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