Mort de Mario Vargas Llosa : les Péruviens en deuil honorent la mémoire de leur plus célèbre écrivain
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Drapeaux en berne et deuil national : Lima est plongée dans le recueillement après la mort du prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa, dont l'œuvre prolifique s'est souvent nourrie des rues et quartiers de la capitale péruvienne.
Les premières œuvres de l'écrivain hispano-péruvien se déroulent dans la ville bordée par l'océan Pacifique, notamment Conversation à La Catedral et La Ville et les Chiens. Ce roman, publié en 1963, prend pour décor le collège militaire Leoncio Prado, où Vargas Llosa fut interne au début des années 1950.
Hommage au collège militaire de Lima
Lundi 14 avril, au lendemain de sa mort, les cadets de l'établissement lui ont rendu hommage en formant, en rangs serrés, ses initiales MVLL, a constaté l'AFP. Plusieurs fois primé, le roman La Ville et les Chiens qui relate le climat de violence régnant dans l'académie militaire a contribué à faire émerger le mouvement littéraire du "boom latino-américain", dont Vargas Llosa était le dernier représentant vivant.
Dans le reste de la ville, les hommages sont discrets, mais chargés d'émotion. Quelques compositions florales ont notamment été livrées à son domicile du quartier bohème de Barranco, où quelques admirateurs s'étaient rassemblés dès dimanche soir, tandis que les principales œuvres de l'écrivain étaient mises à l'honneur dans les vitrines des librairies.
Les littéraires en deuil
"Nous, les littéraires, sommes en deuil. C'est l'un des meilleurs écrivains péruviens qui a écrit dès son plus jeune âge", confie à l'AFP Maryori Otera, 25 ans, responsable de la librairie Crisol, située au cœur du quartier de Miraflores.
C'est autour de la place principale de ce quartier touristique que Vargas Llosa situe ses premiers romans à la fin des années 1950. Un circuit touristique permet de découvrir les lieux qui ont inspiré son œuvre. "C'est une grande perte pour le Pérou, pour le monde et pour l'Amérique latine", estime la libraire de Crisol.
"Un écrivain titanesque"
À quelques rues de là, dans la librairie El Virrey, le poète Fernando Gonzalez-Olaechea évoque "une profonde tristesse", en achetant un exemplaire du roman primé La Maison verte (1966)."La mort de Vargas Llosa est la mort d'un espace intime chez chacun de ses lecteurs", regrette-t-il. "Son héritage artistique est énorme, c'est un écrivain titanesque".
Près d'un kiosque à journaux, Oscar Trelles, 60 ans, dit se souvenir de Mario Vargas Llosa "comme d'un monstre de la littérature latino-américaine et mondiale". "Vargas Llosa, Péruvien universel et éternel", "Adieu à un géant des lettres" ou encore "Vargas Llosa, dans le cœur du Pérou", titrent les Unes des journaux locaux.
Le souvenir de l'ancienne Lima
"Il laisse un vide qu'il sera très difficile de combler", assure l'électricien Guerli Peralta. "Vargas Llosa et son œuvre m'ont beaucoup aidé à mieux comprendre l'identité péruvienne. Et il m'a aussi beaucoup aidé, dans ce sens, à mieux découvrir cette identité en moi-même".
Sur le circuit touristique dédié à Vargas Llosa, un autre lieu occupe une place particulière : la modeste maison crépie de gris où il vécut dans les années 1950 avec sa femme et tante par alliance, Julia Urquidi. Leur relation inspira son roman La Tante Julia et le Scribouillard. "Sa mort nous laisse le souvenir de l'ancienne Lima, de son époque et de ses expériences", témoigne auprès de l'AFP Jaime Suarez, dont la maison fait face à celle où résida l'écrivain.
Son corps sera incinéré
La dépouille de l'écrivain Mario Vargas Llosa a été transférée lundi 14 avril vers un crématorium militaire de Lima, au lendemain d'une veillée privée organisée à son domicile, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Le cercueil en bois sombre du prix Nobel de littérature 2010 a quitté sa résidence du quartier bohème de Barranco à bord d'un corbillard, suivie par une caravane de voitures. Le cortège funéraire a rejoint le crématorium de l'armée péruvienne situé dans le sud de la capitale. La dépouille de l'écrivain sera incinérée, conformément à ses dernières volontés, a annoncé sa famille.
Drapeaux en berne
Ces derniers mois, l'auteur de plus de trente ouvrages, entre romans, nouvelles, pièces de théâtre et reportages journalistiques, avait entrepris une forme de pèlerinage dans Lima, accompagné de son fils Alvaro, selon les photos publiées par ce dernier sur le réseau social X.
Dans cette ville de dix millions d'habitants, le drapeau péruvien était en berne, lundi 14 avril, sur les mairies, les casernes militaires et les institutions publiques, en application du deuil national décrété par le gouvernement.
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