Ligue 1 : pourquoi l'OM part deux semaines en stage en Italie en plein sprint final

En décollant pour un stage d'au moins deux semaines en Italie, mardi, l'Olympique de Marseille a pris une décision inédite pour un club français.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Adrien Rabiot et Mason Greenwood contre Montpellier, le 19 avril 2025. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
Adrien Rabiot et Mason Greenwood contre Montpellier, le 19 avril 2025. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

À quoi joue l'Olympique de Marseille ? Deuxièmes de Ligue 1 avec un point d'avance sur Monaco et deux sur Lille, les Phocéens mènent la course au podium (derrière le PSG, déjà champion) à l'entame du sprint final. Mais, alors qu'il ne reste plus que quatre journées de championnat à disputer, l'OM s'est envolé, mardi 23 avril, pour l'Italie, dans le cadre d'un stage de deux semaines minimum, qui pourrait être prolongé après le choc face à Lille, le 4 mai. Une décision surprenante, qui interroge.

"Une mise au vert n’est pas forcément vécue comme une punition. Ça dépend de l’objectif, de la durée, du contexte, assure Rolland Courbis, ex-entraîneur de l'OM, interrogé par franceinfo: sport. Mais là, en plein sprint final, ça m'interroge. Ça m'inquiète même. Être surprenant, ça peut être utile, mais il ne faut pas être déroutant. Et là, je trouve cette idée déroutante."

Pourtant, au club, ce choix est assumé, et est même présenté comme collectif. "Cette décision de partir en stage a été prise collectivement, dans un moment où chaque détail peut faire la différence, a expliqué le président Pablo Longoria, à l'origine de cette escapade italienne. L’idée a émergé de nos échanges avec Roberto [De Zerbi, l'entraîneur] qui, dès que nous en avons parlé, l’a tout de suite acceptée, en comprenant parfaitement le sens de cette initiative. C’est une décision du club, pensée pour mettre le groupe dans les meilleures conditions possibles."

Un stage prolongé jusqu’à la fin de saison ?

Inédite en France, encore plus à ce moment de la saison, cette mise au vert prolongée est très répandue en Italie, un pays dont Pablo Longoria connaît bien la tradition footballistique. Au point que nos voisins transalpins ont un nom pour ce type de stage en pleine saison : un "ritiro", un retrait. Mais, alors, ça sert à quoi ? Du côté de l'OM, on explique qu'il s'agit de renforcer la cohésion et d'entretenir la dynamique, tout en réfutant l'idée d'une punition collective.

Car Marseille est sous pression dans cette fin de saison, et ne peut se permettre de laisser filer la qualification en Ligue des champions, qui est "vitale" d'un point de vue économique, reconnaît-on en interne. Pour remobiliser les troupes, tout le vestiaire accompagné du staff technique et médical a donc posé ses valises, mardi en fin d'après-midi, dans un hôtel du nord de Rome.

Sur place, l'OM n'assistera pas aux funérailles du Pape, samedi, mais s'entraînera sur les installations du club du Roma City FC (club de 4e division), avant de revenir dans la cité phocéenne samedi, pour affronter Brest dimanche 27 avril. Les Marseillais reviendront ensuite à Rome, au moins jusqu'au choc face à Lille, dimanche 4 mai. Cette retraite italienne pourrait toutefois se prolonger jusqu’à la fin de saison, avec le coût financier que cela suppose. Mais, selon nos informations, la direction olympienne est prête à ce sacrifice si c'est le prix à payer pour assurer la qualification en Ligue des champions, très rémunératrice.

Un été à rattraper

Fin novembre, une mise au vert prolongée avait déjà eu lieu pour l'OM, dans les Bouches-du-Rhône, après une défaite face à Auxerre. Une initiative alors suivie d'une série de victoires. Pour comprendre pourquoi l'OM a opté pour ces deux stages en pleine saison, il faut aussi remonter à l'été 2024. À son arrivée, Roberto De Zerbi avait en effet opté pour une préparation estivale entièrement à Marseille, alors que les clubs multiplient souvent les stages à l'étranger l'été pour renforcer la cohésion du vestiaire.

Selon nos informations, le vestiaire a bien accueilli cette mise au vert, notamment défendue par les cadres du groupe comme Adrien Rabiot et Pierre-Emile Höbjerg. "Beaucoup de choses me surprennent dans le management de De Zerbi, poursuit Rolland Courbis. Quand, par exemple, tu montres à tes joueurs en début de saison le contrat que tu aurais pu signer à Manchester United, mais que tu as refusé pour venir à Marseille, je ne comprends pas l’intérêt", ajoute l'ancien technicien, sceptique face aux justifications de ce stage tardif en Italie. "Un vestiaire, ça se mobilise tous les jours à l’entraînement, avec le contexte du match, l’étude de l’adversaire. Il n’y a pas besoin de partir à Rome ! L'OM tend le bâton pour se faire battre", tance-t-il.

"On est en fin de saison, et l'OM se complique le sprint final en s'ajoutant des déplacements à Rome. Et il fait du match contre Brest un évènement, ce qui le rend forcément plus angoissant pour les joueurs. Ca m’interroge. Je n’y vois que du danger. Peut-être que je suis pessimiste."

Rolland Courbis, ex-entraîneur de l'OM

à franceinfo: sport

L'avenir dira si cette initiative aura porté ses fruits, ou non. Mais, pour Rolland Courbis, ce n'est pas à la lumière de ce stage d'au moins deux semaines qu'il faudra juger la fin de saison marseillaise : "L’OM a perdu neuf fois cette saison, c’est énorme quand tu veux finir sur le podium. S'ils le ratent, ce sera à cause de ça, et ce n’est pas un stage qui va changer cela". À voir si ce stage en plein sprint final donnera un second souffle à l'OM, qui comptait six points d'avance sur le troisième après 22 journées de championnat, et n'en a plus qu'un seul huit matchs plus tard.

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