"Les Mayas n'ont pas disparu" de Chloé Andrieu aux éditions Allary
/2025/04/04/nouveau-projet-1-67ef83f7b6e5e262060011.jpg)
Voici un livre passionnant et souvent drôle, qui nous raconte l’immense malentendu qui existe depuis des siècles dans nos sociétés occidentales à propos des Mayas, ce peuple d’Amérique centrale dont on connaît les majestueuses pyramides perdues dans la jungle.
La fausse prophétie de 2012
Souvenez-vous de la fameuse prophétie maya : la fin du monde devait avoir lieu en 2012. Chacun en parlait cette année-là, cela avait même inspiré une chanson à Bitney Spears : Till the world ends.
Sauf que les Mayas n’ont jamais annoncé cette fin du monde. Pour eux, 2012 devait être simplement la fin "d’une période du calendrier rituel". Voilà bien l’illustration du malentendu : on pense que les Mayas peuvent nous prévenir des dangers à venir parce qu’on s’identifie à eux, on les voit comme un modèle de civilisation qui s’effondre.
Un effondrement qui n'en était pas un
On entend en effet beaucoup parler, ces dernières années, d'un effondrement qui menacerait nos sociétés, en raison notamment du changement climatique. C’est la thèse de la collapsologie, inspirée notamment, donc, par les Mayas, qui auraient disparu au 9ème siècle, victimes, dit-on, de la déforestation et de la croissance démographique.
Or, ce que rappelle Chloé Andrieu, c’est que les Mayas n’ont pas disparu. Ce qui a été présenté comme un effondrement brutal fut en vérité un phénomène lent et complexe, surtout lié à des affrontements qui ont conduit la population à abandonner les sites grandioses que l’on peut visiter aujourd’hui au Mexique ou au Guatemala, mais sans disparaître pour autant.
En réalité, ce peuple a été dépossédé du récit de son histoire.
Une histoire écrite par les Occidentaux
Au fil des siècles, l'histoire des Mayas a été écrite par des explorateurs, des écrivains, des cinéastes, de l’archéologue et espion américain, de Sylvanus Morley à Mel Gibson en passant par Châteaubriand, Edgar Allan Poe ou André Breton. Tous ont participé à la création d’un mythe qui a aussi inspiré des BD, des jeux vidéo ou des dessins animés.
Les Mayas sont partout dans notre culture, mais ce que nous dit Chloé Andrieu, c’est qu’il est temps de les voir tels qu’ils sont, c’est-à-dire vivants.
Ils sont des millions, aujourd’hui, impliqués dans une lutte pour la sauvegarde de leurs terres et pour la reconnaissance de leur culture, notamment par la musique. On a par exemple pu entendre du rap maya dans la bande originale du film Black Panther : Wakanda forever avec le Mexicain Pat Boy, qui chante en yacutèque, l'une des langues mayas.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.