Le traitement éditorial de la rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky

Après l’échange entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump, vendredi 28 février à la Maison Blanche, les auditeurs ont écrit à propos du traitement qui lui a été réservé sur franceinfo. Pour leur répondre, Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction.
Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
La séquence tendue, à la Maison Blanche, entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky. (SAUL LOEB / AFP)
La séquence tendue, à la Maison Blanche, entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky. (SAUL LOEB / AFP)

Plusieurs questions reviennent sur la séquence tendue entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche. Certaines évoquent l'idée d'un montage. 

Emmanuelle Daviet : Une auditrice écrit par exemple : "Je regrette votre traitement journalistique de cette rencontre. Factuellement, la prise de parole du président ukrainien indiquant que les États-Unis peuvent être aussi en danger n’est pas le début de cette séquence effrayante. Il ne fait que répondre au vice-président. Je trouve dommageable de faire débuter la séquence par la prise de parole de Zelensky et non du vice-président Vance. Ça laisse entendre que c’est le président Zelensky qui lance les hostilités".Que répondez-vous à cette auditrice ?

Florent Guyotat : Nous sommes le vendredi 28 février, il est environ 18h45 heure française. Les images et le son de la conversation parviennent en léger différé via nos collègues de la télé franceinfo, qui assurent la traduction simultanée. Vous parlez d’un montage, eh bien non, pour la première diffusion, c’est en léger différé, certes, mais c’est vraiment une conversation que nous diffusons à l’état brut. Il n’y a pas de montage. Tout le monde en studio, en régie, est estomaqué par ce qu’il entend. Nous commençons la diffusion alors que la conversation s’envenime. Au moment où Volodymyr Zelensky est tancé par Donald Trump. Trump dit à Zelensky qu’il n’a pas les cartes en main. Zelensky répond qu’il ne joue pas aux cartes, qu’il est sérieux, qu’il est le président d’un pays en guerre avant d’être coupé par son homologue américain. Et immédiatement après, JD Vance, le vice-président américain, s’adresse à son tour à Volodymyr Zelensky. J’étais en régie à ce moment-là, je n’ai pas le sentiment que nous ayons donné l’impression que le président Zelensky lançait les hostilités. Au contraire.

Emmanuelle Daviet : On poursuit avec une remarque sur la traduction de l’échange avec ce message d’un auditeur : "franceinfo a traduit les propos du président étatsunien et du vice-président. En revanche, la rédaction n'a pas donné la traduction des propos du président ukrainien. C’est un choix étrange, d’autant que franceinfo a relayé en boucle la traduction des propos américains. Ce choix est incompréhensible car il tronque notre réception et notre juste compréhension de cet entretien."

Vous avez constaté, dans les deux échanges précédents, que Volodymyr Zelensky a du mal à "en placer une", si vous me permettez l’expression, il est sous un feu nourri de critiques. Alors oui, c’est vrai qu’on a beaucoup entendu Donald Trump et JD Vance, quasiment tous les quarts d’heure vendredi soir. C’est un choix assumé parce qu’on a jugé que c’était important d’entendre et de réentendre très régulièrement de tels propos à l’antenne. Il s’agissait vraiment d’un moment historique. Mais on s’est aussi efforcé sur franceinfo de montrer que Volodymyr Zelensky ne s’était pas laissé faire.

Emmanuelle Daviet : Beaucoup d’auditeurs sont étonnés d’entendre les journalistes dire que Zelensky a été humilié. Pour eux, ce mot répété à de multiples reprises dévalorise le président ukrainien. Ils estiment que l’emploi de ce mot reflète un manque d’objectivité et une opinion personnelle des journalistes. Les auditeurs considèrent plutôt qu’il y a eu à l’égard de Volodymyr Zelensky une tentative d’humiliation publique, mais qu’à aucun moment il n’a perdu sa dignité. Comment recevez-vous ces remarques ?

Franchement, je n’ai pas l’impression que le mot "humiliation" soit trop fort. Je me souviens d’un ancien ambassadeur, l’un de nos invités à l’antenne, qui nous a dit très vite : "Je n’ai jamais vu ça. Une telle scène, des propos aussi crus, aussi humiliants entre des chefs d’État ou de gouvernement, surtout en public, devant les caméras du monde entier sur une durée aussi longue." Ce diplomate expliquait qu’il avait parfois assisté à des conversations où le ton montait, mais pas comme ça, et surtout jamais en public, devant les caméras. Encore une fois, nous nous sommes efforcés sur franceinfo de montrer que le président Zelensky était resté digne, qu’il ne s’était pas laissé faire et qu’il avait tenu ses positions et ses arguments.

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