Le TFA, un des polluants éternels les plus répandus, détecté à des niveaux très élevés dans des bouteilles de vins européens, selon une étude
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Le TFA (acide trifluoroacétique), un des polluants éternels les plus répandus, a été détecté à des niveaux très élevés dans des bouteilles de vins européens. C'est ce que révèle, mercredi 23 avril, une étude menée par le réseau d’associations Pesticide Action Network (PAN) et consultée par France Inter. Près de 50 vins rouges, blancs et rosés provenant de dix pays européens, dont cinq vins français, ont été analysés par un laboratoire autrichien. Il ressort de cette étude que la présence de TFA augmente fortement dans ces vins depuis la fin des années 1980. Le TFA ou acide trifluoroacétique est un polluant éternel issu notamment de la dégradation de certains pesticides fluorés utilisés en agriculture.
"Nous avons analysé 10 vins anciens et 39 vins récents provenant de 10 pays européens", indique l'association Générations futures, qui a fourni les échantillons de l’étude pour la France. "Aucun TFA n'a été détecté dans les vins anciens récoltés avant 1988", selon les analyses européennes. En revanche, "à partir de 1988, cela augmente 'gentiment', puis il y a une augmentation exponentielle sur les vins entre 2021 et 2024, avec une concentration moyenne de 122 microgrammes par litre (µg/l) et des pics allant jusqu'à 320 µg/l", indique Virginie Pissoorte, chargée de plaidoyer à l'association Nature & Progrès Belgique.
Une concentration "plus de 100 fois au-dessus de celles retrouvées dans les taux les plus élevés des eaux potables en Europe", ajoute la spécialiste, qui fait référence à une précédente étude du réseau PAN concernant les eaux du robinet et minérales en bouteille.
"Les autorités publiques sont très lentes à réagir"
Au-delà du TFA, "jusqu'à huit pesticides et métabolites de pesticides" ont été détectés "dans 94% des vins produits de manière conventionnelle", ajoute Générations futures. "Quatre vins biologiques sur cinq analysés étaient exempts de résidus de pesticides détectables, mais tous contenaient du TFA", à des taux inférieurs à ceux retrouvés dans les bouteilles produites en agriculture conventionnelle.
La situation est d'autant plus "alarmante" pour les associations que le TFA est un PFAS impossible à faire disparaitre. D'autant plus que les 31 pesticides dont il est issu sont de plus en plus utilisés en Europe. "Plus on va continuer à l'utiliser en agriculture, plus il va continuer à s'accumuler dans les sols puis les nappes phréatiques", souligne Martin Dermine, expert pour le PAN. Or, "on voit que les autorités publiques sont très lentes à réagir, les milieux politiques ont du mal à se dire qu'il faut interdire une trentaine de pesticides d'un coup. Ils ont peur des réactions du milieu agricole", déplore-t-il.
Les associations demandent une interdiction de tous les pesticides PFAS en Europe. "Il y a vraiment nécessité de se pencher de façon urgente sur la question", ajoute Martin Dermine, qui rappelle que l'Allemagne propose de classer le TFA comme "toxique pour la reproduction" au niveau européen.
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