La star nigériane Burna Boy au Stade de France, illustration du succès mondial de l'afrobeats

L'artiste de 33 ans, star mondiale de l'afrobeats, va remplir la plus grande enceinte de France vendredi. De quoi couronner le succès d'un genre musical qui cumule des millions d'écoutes sur les plateformes musicales, et celui d'un artiste, héritier d'une tradition nigériane et ambassadeur du continent africain.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La star nigériane Burna Boy donnera un concert au Stade de France, le 18 avril 2025. (OLI SCARFF / AFP)
La star nigériane Burna Boy donnera un concert au Stade de France, le 18 avril 2025. (OLI SCARFF / AFP)

Plus qu'un concert, c'est un évènement qui a lieu vendredi 18 avril au soir au Stade de France. Habituel théâtre des exploits des Bleus du foot ou du rugby, l'enceinte de Saint-Denis accueille également régulièrement des stars mondiales de la musique pour des concerts XXL. Mais pour la première fois, un artiste africain sera seul à occuper la scène, en l'occurrence, la star nigériane Burna Boy.

Burna Boy, de son vrai nom Damini Ebunoluwa Ogulu, empile les tubes comme les récompenses : meilleur artiste international aux BET Awards 2019 et lauréat du prestigieux Grammy award de l'album musical mondial en 2021, il s'est imposé comme la figure de proue de l'afrobeats, qui a émergé dans les années 2000 à Lagos, capitale culturelle du Nigeria et cœur battant des tendances du continent. Un genre musical qui emprunte au dancehall, R'nB et au hip-hop, dont il reprend largement les codes bling-bling.

Symbole du passage de flambeau des générations

Mais il symbolise aussi le passage d'une génération à l'autre, dans un style hérité de l'afrobeat (sans "s"), qui a marqué le siècle dernier du Ghana au Nigeria, et popularisé par la légende Fela Kuti. Si Burna Boy, dont le grand père a dirigé Fela Kuti, lui rend hommage sur le morceau My money my baby, il incarne un style qui a perdu un peu de l'essence et la chair de l'afrobeat, qui mêlait les rythmes traditionnels d'Afrique de l'Ouest, inondés de cuivres et de percussions, au jazz et au funk, mais proposait surtout des propos très politiques sur de longs morceaux. On les cherche aujourd’hui, et Burna Boy est l'un des rares figures du genre à glisser encore dans ses paroles quelques revendications sociales. 

Les morceaux sont plus consensuels, plus formatés, et débarrassés de leurs aspérités, conséquence probable d'un marché musical globalisé, mais recette parfaitement adaptée aux plateformes, ou l'afrobeats cumule des milliards d'écoutes. Un succès remarqué, au point d'apparaître, avec l'amapiano sud-africain, comme le phénomène de l'année 2024 pour le géant Spotify, qui souligne dans sa revue annuelle la "portée mondiale" acquise par ses artistes, de Burna Boy à Ayra Starr en passant par Tems. 

Reste à transformer l'essai en permettant le développement d'une industrie locale, génératrice de revenus, et capables de produire ses artistes maison, sans qu'ils aient besoin de s'envoler pour Londres et les États-Unis pour être produits et toucher un large public. Un enjeu de développement et de soft power, auquel s'ajoute un enjeu plus culturel : celui de perpétuer un savoir-faire ancestral, à l'image du Malien Sidiki Diabate, qui écume notamment les scènes aux côtés du français M,  et qui a repris le flambeau de son père Toumani Diabate, légende absolue de la kora, disparue l'été dernier.

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