"La dernière fois qu’il a plu, c’était il y a un mois et demi" : en Allemagne, un hiver sec met en péril l'agriculture et l'économie

En Allemagne, les précipitations relevées entre février et mi-avril 2025 sont les plus faibles enregistrées depuis le début des relevés, en 1931. Les autorités allemandes qualifient cette sécheresse de "préoccupante" et mettent en garde contre les risques d’incendie et de mauvaises récoltes.
Article rédigé par franceinfo, Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sol sec dans un champ à l'est du Brandebourg, Allemagne, 13 avril 2025. (PATRICK PLEUL / DPA)
Sol sec dans un champ à l'est du Brandebourg, Allemagne, 13 avril 2025. (PATRICK PLEUL / DPA)

En Allemagne, entre début février et mi-avril, il est tombé, en moyenne, 40 litres de pluie par mètre carré. C’est 68% de moins que sur la période de référence 1991-2020. Jusqu’à présent, le record remontait à 1976, avec 55 litres par mètre carré.

À Bredow, à une heure de route de Berlin, Arian Gädke donne quelques coups de bêche dans son champ pour montrer que la terre dans laquelle il vient de planter son maïs est sèche, désespérément sèche : "La dernière fois qu’il a plu, c’était il y a un mois et demi. Depuis janvier, on a eu cinq litres d’eau par mètre carré, il en faudrait 20. Les morceaux de terre sont durs comme de la pierre. On trouve de l’humidité à six ou sept centimètres de profondeur, mais le maïs est planté à 4 centimètres sous la terre. Sans eau, rien ne pousse", explique-t-il.

Arian Gädke a 26 ans, il a repris la ferme qui appartient à sa famille depuis trois générations et possède 1 000 hectares de terre. L’exploitant a aussi 300 bovins qu’il nourrit avec du fourrage. Il s’inquiète des conséquences du manque d’eau : "Il se pourrait que seulement la moitié des plants de maïs poussent dans le champ ou alors, ils pourraient être beaucoup plus petits et ne même pas avoir d’épis".

"Si les sécheresses se reproduisent trop souvent, cela met en péril notre existence."

Arian Gädke, exploitant à Bredow, Allemagne

à franceinfo

Pour arroser son maïs, l’exploitant a mis en place un système d’irrigation, mais qui ne sera jamais aussi efficace qu’une bonne averse et qui est aussi très coûteux à la longue.

Des épisodes de sécheresse à répétition

L’année dernière, l’Allemagne a enregistré les températures les plus élevées depuis 143 ans, avec 10.9 degrés en moyenne, c’est 1.6 degré de plus que la moyenne des années 1991-2020. Ce phénomène, qui combine températures moyennes élevées et absence de pluie, se poursuit. À l’institut de Potsdam, qui étudie les effets du changement climatique, le chercheur Fred Hattermann est penché sur son ordinateur. Les graphiques et les photos qu’il affiche sur son écran illustrent ce début d’année bien trop sec. "Le niveau des nappes phréatiques baisse et le risque d’incendie est élevé. Il y a aussi des problèmes dans le domaine du transport maritime", souligne-t-il. "Par exemple, le transport de marchandises sur le Rhin est réduit en ce moment. Et puis, les centrales électriques ont aussi besoin d’eau pour leur refroidissement et on en manque. De nombreux problèmes se profilent."

Ce qu’il faudrait, ajoute le chercheur, ce sont des précipitations fortes et durables, mais aucune pluie n’est annoncée avant le mois prochain.

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