Guerre commerciale, menaces sur le président de la réserve fédérale, action du Doge… L'administration Trump accumule les revirements
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L'administration Trump joue-t-elle la carte de l'apaisement ? Après un début de mandat tumultueux, marqué par des tensions diplomatiques, une guerre commerciale inédite avec Pékin et des attaques répétées contre la Réserve fédérale (Fed), la Maison Blanche semble infléchir sa ligne. Donald Trump a amorcé un changement de ton, mardi 22 avril, en reconnaissant notamment que les droits de douane imposés à la Chine étaient "très élevés" et en assurant qu'il n'avait "aucune intention" de renvoyer le directeur de la Fed.
Ces revirements ont semé l'espoir d'un retour au calme, qui a rapidement débordé sur les marchés financiers : après avoir atteint un plancher inédit depuis novembre 2021, le dollar s'est redressé dans le sillage de ces annonces, selon Reuters. Entre pressions géopolitiques, turbulences économiques et chute de popularité, la Maison Blanche tente-t-elle d'amorcer un discret virage ? Franceinfo décrypte les rétropédalages de l'administration Trump.
Les surtaxes imposées à la Chine "baisseront", promet Donald Trump
Depuis son investiture, le président américain brandit l'arme tarifaire comme le levier central de sa stratégie commerciale. Début avril, dans un geste de confrontation assumée, il est allé jusqu'à imposer des surtaxes atteignant 145% sur les importations chinoises, tout en appliquant des droits punitifs généralisés, notamment à ses alliés européens et asiatiques. La Chine a rapidement répliqué en frappant à hauteur de 125% la surtaxe des produits américains.
Ce bras de fer a plongé les marchés dans l'incertitude et accru la volatilité monétaire. "Le choc inflationniste vers lequel on se dirige (…) peut pousser l'économie en récession ", alertait même l'économiste Véronique Riches-Flores en mars. Dans ce contexte d'angoisse généralisée, la stratégie commerciale de la Maison Blanche apparaissait de moins en moins tenable.
Après avoir suspendu pour quatre-vingt-dix jours les surtaxes pour les pays visés, dont l'UE et la France, tout en les augmentant de 104 à 125% pour la Chine, Donald Trump a donc fini par de nouveau rétropédaler, mardi. En marge d'un événement officiel, il a admis que les surtaxes imposées à la Chine, qui ont encore grimpé depuis, atteignant désormais parfois 145%, étaient "très élevées" et promis qu'elles allaient "baisser de façon substantielle". "Elles ne resteront en aucun cas proches de ce chiffre", a-t-il précisé, tout en assurant qu'un retour "à zéro" est exclu. Pour l'heure, Pékin a accueilli positivement cette annonce. "Les portes du dialogue restent grandes ouvertes", a assuré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, qui a néanmoins précisé que "s'il faut se battre", la Chine "ira jusqu'au bout". Sur fond de méfiance et de revirements, le chemin vers un accord durable reste semé d'embûches.
Le président américain assure ne pas avoir "l'intention" de limoger Jerome Powell
Le climat de défiance entre Donald Trump et la Réserve fédérale, sur fond de désaccords sur la gestion de la politique monétaire du pays, a franchi un nouveau cap mi-avril. Depuis plusieurs semaines, le président américain s'en prend violemment à son directeur, Jerome Powell, l'accusant de freiner l'économie en maintenant les taux d'intérêt à un niveau trop élevé. Sur Truth Social, il l'a même qualifié lundi de "loser", exigeant une baisse immédiate des taux pour éviter un "ralentissement économique". "Il ne peut presque pas y avoir d'inflation, mais il peut y avoir un ralentissement de l'économie à moins que M. En Retard (…) n'abaisse les taux d'intérêt, MAINTENANT", a-t-il asséné.
Ce bras de fer a alarmé les marchés, provoquant une chute des indices boursiers. Les investisseurs redoutaient que le locataire de la Maison Blanche tente de limoger Jerome Powell avant la fin de son mandat, en 2026. Une telle décision, sans précédent, aurait porté un coup grave à l'indépendance de la réserve fédérale, pilier de la stabilité financière américaine. "Avoir une Réserve fédérale captive a de nombreuses conséquences néfastes", avait averti l'économiste Mark Spindel dans les colonnes du Washington Post ,soulignant que cette initiative risquerait d'alourdir les coûts d'emprunt pour les ménages, les entreprises, et même l'Etat.
Face à la panique grandissante, la Maison Blanche a tenté d'éteindre l'incendie. Sur un ton nettement plus conciliant, le président américain a affirmé mardi depuis le Bureau ovale n'avoir "aucune intention" de renvoyer le président de la Fed. Cette déclaration a été accueillie avec soulagement par les investisseurs. "Cela montre que ce président est sous contrôle", a commenté auprès du Financial Times Dec Mullarkey, directeur général de la société de gestion de patrimoine SLC Management. Une manière d'insinuer que le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, serait intervenu pour dissuader Donald Trump d'une confrontation directe avec la banque centrale. Pour cette dernière, ce nouvel épisode souligne à quel point son indépendance est devenue une cible politique.
Elon Musk annonce son retrait partiel du Doge à partir de mai
Le vent tourne aussi du côté d'Elon Musk, pilier de l'administration Trump et directeur de la commission pour l'efficacité gouvernementale (Doge). Il a annoncé son retrait partiel à partir de mai, arguant que "l'essentiel du travail est fait", puisqu'il a "économisé 150 milliards de dollars" (132 milliards d'euros) sur les dépenses publiques. Mais en coulisses, c'est surtout la chute de Tesla qui le pousse à prendre ses distances : le retrait partiel du milliardaire intervient après que Tesla a annoncé ses plus faibles bénéfices trimestriels depuis fin 2020, note The Financial Times. Toutefois, l'annonce dépasse le simple cadre entrepreneurial.
Conseiller officieux devenu architecte des coupes budgétaires brutales, Elon Musk avait été propulsé au cœur du dispositif présidentiel. Son image de techno-milliardaire réformateur servait de caution à une politique choc, censée restaurer l'efficacité gouvernementale. Mais à mesure que les tensions commerciales s'intensifient et que l'économie ralentit, la Maison Blanche semble vouloir désamorcer. En outre, comme le rappelle The Financial Times, Elon Musk était censé se retirer de son poste d'"employé spécial du gouvernement", au bout de cent trente jours. La perspective de son départ partiel envoie un signal supplémentaire d'ouverture, alors que la stratégie de confrontation, aussi bien douanière que diplomatique, commence à montrer ses limites.
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