Guerre au Proche-Orient : trois questions sur l'interdiction des activités de l'UNRWA par Israël
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Il ne lui reste que quelques jours pour faire ses valises. L'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) devra quitter "le territoire israélien" jeudi 30 janvier, et ne pourra plus travailler avec des responsables israéliens après un vote du Parlement en ce sens à l'automne. En cause : Israël accuse des employés de l'agence onusienne – dont elle s'est depuis séparée – d'avoir participé au massacre du 7-Octobre. Le départ prochain de l'UNRWA inquiète néanmoins les Palestiniens et la communauté humanitaire, le flou demeurant sur l'avenir d'activités indispensables pour les millions d'habitants sur place. Franceinfo fait le point.
1 Quel est le rôle de l'UNRWA ?
L'agence onusienne opère dans les territoires palestiniens en fournissant des services aux réfugiés, notamment dans les domaines de l'éducation, la santé et l'assainissement. La législation votée fin octobre par le Parlement israélien interdit aux responsables du pays de travailler avec l'UNRWA et bannit ses activités "sur le territoire israélien", ce qui englobe Jérusalem-Est, secteur de la ville occupé et annexé par Israël depuis 1967. L'UNRWA y occupe un large complexe de bureaux et travaille notamment dans le camp de réfugiés de Shuafat.
Plus de 1 100 enfants et adolescents sont scolarisés dans les écoles et centres d'apprentissage de l'UNRWA de Jérusalem-Est, où l'agence réalise 80 000 consultations médicales annuelles, selon son porte-parole Jonathan Fowler. Dans la bande de Gaza, ravagée par quinze mois de guerre, l'agence emploie 13 000 salariés et gère la réponse humanitaire pour d'autres organisations, ce pour quoi elle est en contact régulier avec les autorités israéliennes. Enfin, en Cisjordanie occupée, l'UNRWA dessert des centaines de milliers d'habitants des camps de réfugiés. Pour s'y déplacer, elle doit échanger avec une instance militaire appelée le Cogat, qui supervise les affaires civiles dans les Territoires palestiniens occupés.
2 Comment va s'organiser ce départ ?
L'UNRWA doit cesser ses opérations à Jérusalem-Est et quitter tous ses bâtiments d'ici au 30 janvier, a écrit vendredi l'ambassadeur israélien à l'ONU, Danny Danon, dans une lettre adressée au secrétaire général de l'agence. Hormis cette déclaration, "personne ne sait ce qui va se passer, c'est très flou", explique Jonathan Fowler. "On va continuer tout ce qu'on peut continuer en attendant des précisions. On ne baisse pas les bras."
Son remplacement n'est pas publiquement envisagé, même si bénéficiaires et ONG cherchent depuis des semaines des alternatives. L'ONG de défense des droits humains Adalah a ainsi déposé une requête auprès de la Cour suprême israélienne le 15 janvier, au nom de dix réfugiés palestiniens. Elle affirme que la nouvelle législation "viole les droits de l'homme fondamentaux et les obligations d'Israël en vertu du droit international". La Cour suprême n'a pas encore répondu.
3 Qui reprendra ses missions ?
"En vertu du droit humanitaire international, il incombe à une puissance occupante de veiller au bien-être (...) d'une population occupée", rappelle Jonathan Fowler, pointant la responsabilité israélienne. Une solution transitoire pourrait être d'intégrer les salariés de l'UNRWA à une autre agence de l'ONU pour qu'ils poursuivent leurs activités sous une autre égide que celle de l'organisation contestée, avance le quotidien israélien Haaretz. Mais, à long terme, cette solution ne répond pas à la demande d'Israël d'une purge complète des employés de l'UNRWA qu'elle estime complices du Hamas.
Par ailleurs, des employés des Nations unies ont affirmé à l'AFP sous couvert d'anonymat que leurs organisations n'avaient pas les moyens humains et matériels de se substituer à l'UNRWA. Les autres agences de l'ONU "n'ont pas la capacité, sur le terrain, de faire la distribution comme on le fait", a confirmé Jonathan Fowler.
De son côté, le Cogat a plusieurs fois déclaré travailler avec d'autres agences des Nations unies ou ONG pour organiser la réponse humanitaire à Gaza. "D'autres organisations assumeront davantage de responsabilités à mesure que l'UNRWA se désintégrera", estime une source sécuritaire auprès de Haaretz. Dans un communiqué, le Croissant-Rouge palestinien a affirmé "rejeter absolument tout rôle de substitution à l'UNRWA malgré les tentatives répétées" des autorités israéliennes en ce sens.
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