Élections en Allemagne : "On a l'impression de voir réapparaître la RDA et la RFA", analyse une spécialiste
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"On a l'impression quasiment de voir réapparaître la RDA où là, le vote AfD a été au-dessus de 30%, 35% même, et moins à l'ouest, l'ancienne RFA", analyse lundi 24 février Hélène Miard-Delacroix, professeure d'histoire et de civilisation de l'Allemagne contemporaine à Sorbonne Université, au lendemain des élections législatives en Allemagne. Les conservateurs allemands ont remporté dimanche les élections législatives, marquées par le score historique de l'extrême droite qui atteint près de 21% avec un taux de participation record depuis la réunification (83-84%).
"Les votes AfD sont des jeunes entre 25 et 45 ans, plutôt ouvriers, bas revenus, et c'est surtout un vote régional serré", détaille Hélène Miard-Delacroix qui brosse le portrait de l'électorat de l'AfD. "L'AFD, a attiré beaucoup d'abstentionnistes et de primo-votants", ajoute-t-elle.
"La question migratoire a été mise dans la campagne électorale par l'AfD. Je ne vois pas comment le prochain gouvernement peut contourner le problème qui a été quand même central".
Hélène Miard-Delacroixsur franceinfo
La professeure d'histoire explique qu'"il n'est pas question de faire une quelconque coalition à venir avec l'AfD. L'AfD va bien faire en sorte de se montrer au Bundestag, comme l'opposition, bien sûr. Et son idée, c'est de pousser, de critiquer le gouvernement qui va se former et d'essayer à la prochaine élection de gagner encore plus".
Vers un rapprochement du couple franco-allemand ?
Le vainqueur du scrutin et chef de file des démocrates-chrétiens, Friedrich Merz, est "francophile", assure Hélène Miard-Delacroix. "Il est un peu l'héritier, si l'on veut, de la CDU d'Helmut Kohl. Beaucoup moins celle de Merkel et pas du tout le SPD dans d'Olaf Sholz. Donc il y a cette vision très occidentale, rhénane, d'une Europe, avec un appui massif sur la France, décrypte-t-elle. Il l'a annoncé déjà dans son grand discours de vision politique étrangère à la mi-janvier et il veut absolument relancer le couple franco-allemand".
Friedrich Merz, pourtant atlantiste convaincu, a immédiatement annoncé vouloir opérer un virage radical pour l'Allemagne, en émancipant l'Europe de Washington en matière de sécurité. Il "a beaucoup reproché à son prédécesseur d'avoir rendu l'Allemagne absolument muette en Europe. Une force de frein. Et beaucoup en Allemagne aujourd'hui reconnaissent qu'il y a sept ans, on a eu tort de ne pas suivre les propositions d'Emmanuel Macron qui annonçait déjà qu'il fallait se rapprocher, qu'il fallait faire plus pour une indépendance et une souveraineté européenne en matière militaire. Donc, là, je pense qu'avec le contexte international et le lâchage des Américains, il va avancer dans ce sens".
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