: Reportage "Il est temps de réagir" : les syndicats français du secteur automobile appellent à sauver les sous-traitants
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Comment sauver l'industrie automobile européenne ? Les plans de suppressions de postes se succèdent et rien qu'en France, en 2024, les industriels ont annoncé plus de 7 000 suppressions d'emplois, sur les 400 000 que compte la filière française. Pour tenter d'enrayer cette spirale, la Commission européenne a présenté un plan en mars dernier. Mais ce plan n'est pas assez ambitieux, estiment les syndicats français du secteur qui lancent un appel, mercredi 23 avril.
La CFE-CGC, Force ouvrière, la CFDT et la CGT s'unissent pour demander des mesures d'urgence. Car d'après les syndicats, le plan européen protège les constructeurs, comme Stellantis ou Renault, mais pas les sous-traitants. Les équipementiers, qui fabriquent les pièces des voitures, sont en crise : ce sont eux qui annoncent les uns après les autres des fermetures et des suppressions de postes, notamment chez Valéo, Amis ou Les Fonderies de Bretagne.
Pour les aider, l'intersyndicale porte une revendication, résumée par Olivier Lefebvre de FO Métaux : "Ce sont des mesures qui permettent d'avoir un nombre de pièces minimum, dans un véhicule fabriqué en Europe, qui sont fabriquées en Europe. Aujourd'hui, on peut fabriquer une voiture en Europe, mais pas forcément avec des composants qui sont, eux, fabriqués en Europe."
"Il est temps qu'il y ait une stratégie industrielle qui soit réellement mise en place par l'Europe et la France."
Benoît Ostertag, responsable de la CFDT Métallurgie en charge de l'automobileà franceinfo
Ce serait une contrepartie imposée aux constructeurs, dans le cadre du plan européen pour la filière. Les grands groupes viennent d'obtenir un assouplissement des contraintes, sur les émissions polluantes de leurs voitures. En échange, ils doivent s'engager et "arrêter de courir après les profits", réclame le responsable de la CFDT Métallurgie en charge de l'automobile, Benoît Ostertag.
"On dénonce, aujourd'hui, cette course à la marge opérationnelle la plus élevée possible au profit des constructeurs. Qui eux-mêmes poussent, par leur politique achat, des équipementiers à proposer des produits qui viennent d'ailleurs que l'Europe, de Turquie, du Maroc, dit-il. Il est temps de réagir. Pour qu'on n'ait pas seulement des usines dites 'tournevis', où on ne fait que de l'assemblage et qui ne contribuent pas à l'emploi en Europe." Cela limiterait aussi les impacts sur l'environnement, soulignent les syndicats dans une lettre envoyée aux eurodéputés et aux commissaires européens.
"Une nécessité économique et sociale"
D'autres pays ont mis en place de telles exigences, rappelle l'intersyndicale, comme le Brésil, la Chine ou encore les États-Unis, avec leurs partenaires mexicains et canadiens. Cela s'est mis en place bien avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et le début de sa guerre commerciale mondiale. Les voitures américaines doivent ainsi comporter 75% de pièces produites en Amérique du Nord.
Pour l'Europe, les syndicats demandent qu'au moins 40% des véhicules, sans compter la batterie, soient composés d'équipements européens. Il s'agit d'une nécessité économique et sociale, selon Frédéric Vion, le délégué Industrie de la CFE-CGC Métallurgie : "Honnêtement, il faut sortir de l'aspect de 'Candide' que nous avons aujourd'hui en Europe. Ce contenu local, il est nécessaire pour, non pas réindustrialiser parce qu'on pense que ça sera quand même très compliqué, mais stopper l'érosion. Et, sans cette règle-là de contenu local, il est fort à parier que la filière va disparaître." Il faut donc aller vite, alertent les syndicats qui espèrent convaincre d'ici à l'été, lorsque des décisions seront prises sur un paquet de directives européennes.
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