Vidéo KK Park, en Birmanie, un complexe d'escroquerie en ligne où "10 000, 20 000 personnes travaillent 16 à 18 heures par jour pour arnaquer le monde entier"

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Invités sur les réseaux sociaux à investir dans les cryptomonnaies, certains Français y ont perdu jusqu'à 200 000 euros. Derrière ces cyber-arnaques à grande échelle, des mafias chinoises qui opèrent dans de vastes complexes basés en Asie du Sud-Est. "Complément d'enquête" a remonté leur fil jusqu'à la Birmanie.

Sur les réseaux sociaux, vous avez peut-être déjà été invité par un inconnu d'apparence sympathique à échanger avec lui. Mais le visage avenant peut cacher un piège, et chercher en réalité à vous entraîner dans une arnaque financière. "Complément d’enquête" a remonté le fil de ces escroqueries à grande échelle, qui soutirent des milliers d'euros à chacune de leurs victimes. Derrière elles se trouvent des réseaux criminels chinois qui opèrent en Asie du Sud-Est, à l'abri de vastes complexes. A la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, voici l'un d'eux : KK Park.

Judah Tana est un humanitaire qui travaille dans la région depuis une vingtaine d'années, et il a vu les bâtiments sortir de terre sur la rive birmane. Il a guidé les journalistes de "Complément d'enquête" jusqu'à la rive d'en face, côté thaïlandais. Pas question de traverser la rivière Moei, qui marque la frontière : en pleine guerre civile, la zone est contrôlée par des milices birmanes. Autour du complexe, défendu par une muraille surmontée de barbelés et équipée de caméras de surveillance, des gardes patrouillent... certains sont armés.

Des groupes de cyber-escrocs organisés comme des entreprises

Des vues aériennes permettent de mesurer l'étendue de KK Park. En 2020, les images satellite ne montraient que quelques bâtiments. Aujourd'hui, la zone ressemble à une petite ville. 

C'est ici que sont créés par milliers les faux profils destinés à entrer en contact avec leurs cibles sur les réseaux sociaux, qui leur proposeront d’investir, notamment dans les cryptomonnaies. Les bâtiments sont remplis d'entreprises spécialisées dans l'arnaque, affirme Judah Tana. Selon lui, il y en a une par étage. Logées dans des centaines de chambres dortoirs, 10 000 à 20 000 petites mains chargées de taper et d'envoyer des messages frauduleux travaillent de "16 à 18 heures par jour", selon Judah Tana.

Une vingtaine de complexes le long de la frontière birmane

Dans la région, KK Park n'est pas le seul complexe à pratiquer l'escroquerie en ligne à échelle industrielle. Le long de la frontière, sur 20 kilomètres, on en compte une vingtaine.

Comment fonctionnent ces sociétés de la fraude en ligne ? Les images que s'est procurées "Complément d'enquête" montrent des open spaces semblables à ceux de toutes les entreprises du monde. "Ça ressemble à un café internet, explique Linh, une jeune Birmane qui regrette aujourd'hui d'avoir participé à ces arnaques pour toucher le double du salaire moyen dans son pays. Il y a une grande pièce avec des rangées d'ordinateurs et des chaises face à face. C'est comme un travail régulier. La seule différence, c'est les horaires." 

Selon l'ONU, ces usines de la fraude en ligne font travailler plus de 120 000 personnes.

Extrait de "Arnaques à la chaîne : les esclaves du clic", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 27 février 2025.

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