De la mort du pape François à la fumée blanche, quelles sont les étapes jusqu'à la désignation d'un successeur ?

Article rédigé par franceinfo
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La fumée blanche s'échappant de la cheminée de la chapelle Sixtine (Vatican) pour annoncer la désignation du pape François, le 13 mars 2013. (STEFANO SPAZIANI / NEWSCOM / SIPA)
La fumée blanche s'échappant de la cheminée de la chapelle Sixtine (Vatican) pour annoncer la désignation du pape François, le 13 mars 2013. (STEFANO SPAZIANI / NEWSCOM / SIPA)
Constatation du décès, inhumation, réunion du conclave... Le programme des jours qui suivent la mort du souverain pontife est fixé par la constitution apostolique, avec quelques évolutions récentes initiées par le pape François, mort lundi à l'âge de 88 ans.

Une période de transition s'ouvre. Le pape François est mort, lundi 21 avril au matin, à l'âge de 88 ans. L'Eglise catholique est donc entrée dans une période dite de "sede vacante", expression latine qui désigne le siège vacant laissé par le pape.

Franceinfo résume les grandes étapes, réglées comme du papier à musique par le droit canonique, qui vont rythmer les prochains jours, jusqu'à l'annonce du successeur du défunt Jorge Mario Bergoglio.

La constatation de la mort du pape

La constatation de la mort est la première étape du rituel qui entoure le décès du pape. Elle est toujours réalisée par le camerlingue, le cardinal chargé de l'administration du Saint-Siège en cas de décès ou de renonciation, explique la Conférence des évêques de France (CEF). Le cardinal américain Kevin Farrell occupe depuis 2019 cette fonction, à laquelle il a remplacé le Français Jean-Louis Tauran, mort quelques mois plus tôt.

La constatation de la mort du pape s'effectue en présence du maître des célébrations liturgiques, actuellement l'archevêque Diego Ravelli. Vieux de plusieurs siècles, les textes qui régissent le rituel sont régulièrement réajustés en fonction des volontés de chaque pape. Une nouvelle édition du livre "Ordo Exsequiarum Romani Pontificis", approuvée en avril 2024 par François, prévoit ainsi que la constatation de la mort ne se fasse plus dans la chambre du défunt, mais dans sa chapelle privée.

La destruction de l'anneau du pape et l'annonce de la nouvelle

Dans l'ordre des choses, le camerlingue s'est aussi occupé de mettre sous scellés la chambre du pape et ses bureaux immédiatement après son décès, comme le veut la constitution apostolique, tout en "s'assurant que le personnel qui réside habituellement dans l'appartement privé puisse y demeurer jusqu'après la sépulture du pape". Après les obsèques, tous les appartements pontificaux seront à leur tour mis sous scellés.

L'anneau du pêcheur, remis au pape à l'inauguration de son pontificat et qui servait autrefois à sceller les documents officiels, a été immédiatement retiré du doigt du pape et solennellement brisé ou rayé. Le pape François avait choisi de porter comme anneau du pêcheur une bague d'argent doré, initialement prévue pour Paul VI, rapporte La Croix.

Le camerlingue a aussi été chargé d'avertir le doyen du collège des cardinaux, le cardinal italien Giovanni Battista Re, de la mort du pape par la formule latine "Vere Papa mortuus est" ("En vérité, le pape est mort"), actant la vacance du Saint-Siège. Le doyen a ensuite prévenu les autres cardinaux, le corps diplomatique et les chefs d'Etat.

Les cloches de la basilique Saint-Pierre sonnent alors le glas pour annoncer à tous la mort du pape. Traditionnellement, les Gardes suisses, la force militaire chargée de veiller à la sécurité du pape et du Vatican, changeaient alors de tenue, pour plus de sobriété. Mais cela ne s'est pas produit lors du décès du pape Jean-Paul II en 2005, ni à la mort de l'ancien pape Benoît XVI en 2022, souligne Le Pèlerin.

Tous les responsables en place de la curie romaine, le gouvernement de l'Eglise catholique, quittent par ailleurs leurs fonctions, à l'exception du camerlingue, et l'Eglise est alors dirigée par l'assemblée des cardinaux, réunie en congrégation générale.

L'exposition du corps dans la basilique Saint-Pierre

Une période de neuf jours de deuil, portant le nom latin de novemdiales, débute pour les cardinaux du monde entier à partir de la messe des funérailles, dont la date est fixée par leurs soins. Chaque jour, une célébration eucharistique, c'est-à-dire une messe avec communion selon la doctrine catholique, est organisée et ouverte à tous. "Elle est toutefois confiée à chaque fois à un groupe différent, tenant compte de ses liens avec le pontife romain", selon les textes.

Le rite funéraire se déroule en trois "stations" : dans les appartements du pape, dans la basilique Saint-Pierre et enfin dans le lieu de la sépulture. A leur mort, les prédécesseurs de François étaient placés dans trois cercueils imbriqués les uns aux autres, l'un de plomb, l'autre de chêne et le dernier de cyprès. Attaché à l'idée de funérailles plus sobres, le pape François a décidé de reposer dans un unique cercueil de bois et de zinc.

Une fois transféré dans la basilique Saint-Pierre, après une procession présidée par le camerlingue, le corps du jésuite argentin sera exposé directement dans son cercueil, et non plus sur le catafalque qui permettait de surélever la dépouille pour que les fidèles viennent lui rendre hommage. Contrairement à la tradition, il n'y aura pas non plus de cérémonie de fermeture du cercueil pour le pape François. "Tout se fera dans la même cérémonie, comme pour tout chrétien", annonçait-il lui-même dans un livre d'entretiens publié en 2024 en Espagne, Le Successeur (éditions Planeta).

L'inhumation, quatre à six jours après sa mort, dans la basilique Sainte-Marie-Majeure

L'inhumation d'un pape doit avoir lieu "entre le quatrième et le sixième jour après la mort", prévoit la constitution apostolique, "sauf raison spéciale". Alors que tous les papes du XXe siècle ont été inhumés dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, François a voulu être enterré dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, qui n'est pas située dans le Vatican (bien qu'elle lui appartienne) mais en plein cœur de Rome, à quelques pas de la grande gare romaine de Termini. "L'endroit est prêt", avait-il expliqué dans un entretien à la chaîne mexicaine NMas, justifiant son choix par son "très grand lien" avec cette église, où il allait prier devant une icône de la Vierge avant et après chacun de ses voyages.

Le lancement du conclave, 15 à 20 jours après le début de "sede vacante"

Réunis quotidiennement lors de congrégations générales dans les jours suivant la mort du pape, les cardinaux venus du monde entier évoquent ensemble les défis de l’Eglise et apprennent, par la même occasion, à se connaître. Ils décident également de la date du conclave, à l'occasion duquel ils éliront, parmi eux, le nouveau pape. Selon la constitution apostolique, le conclave doit débuter entre 15 et 20 jours après le début officiel de la période de "sede vacante". Il se tient traditionnellement dans la chapelle Sixtine. Cette réunion en haut-lieu est nommée ainsi en référence à la salle autrefois fermée à clé dans laquelle elle se déroulait, nommée "cum clave" en latin.

Pour être désigné pape, un cardinal doit obtenir une majorité des deux tiers des suffrages de ses pairs. L'âge limite pour faire partie des cardinaux électeurs est fixé à 80 ans. Le pape ne peut donc pas être plus âgé au moment de son élection. Et la participation de certains cardinaux peut se jouer à quelques jours près, selon leur date d'anniversaire.

Après un ou plusieurs votes, la fumée blanche

Après avoir prêté serment, les cardinaux électeurs réunis en conclave votent chacun à leur tour deux fois le matin, deux autres l'après-midi. A l'issue de chaque scrutin, les bulletins sont brûlés. Si aucune majorité ne se dégage, n'élisant aucun pape, on ajoute des produits qui noircissent la fumée aux papiers. Si le résultat est positif, seuls les bulletins brûlent, ce qui produit une fumée blanche. C'est cette célèbre fumée blanche qui annonce l'élection du nouveau pape, comme en 2013, lorsque le choix s'est porté sur Jorge Mario Bergoglio. Une élection qui s'était avérée relativement rapide : seulement deux jours et cinq tours de scrutin ont été nécessaires pour que le conclave s'accorde.

C'est alors la fin du "sede vacante". La grande cloche de la basilique Saint-Pierre retentit et l'expression "Habemus papam" ("Nous avons un pape", en latin) est prononcée depuis le balcon central de la basilique par le cardinal le plus ancien en poste. C'est le cardinal corse Dominique Mamberti, devenu le doyen de l'ordre des diacres, qui aura l'honneur d'annoncer la nouvelle aux fidèles. "Qui sibi nomen imposuit" ("qui a pris le nom de") est ensuite clamé, révélant au monde le nom de règne qui a été choisi par l'élu. Le nouveau pape prononcera la bénédiction depuis ce même balcon. Et deviendra sera officiellement le 267e successeur de Saint-Pierre à la tête de l'Eglise catholique.

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