Cyclone Chido, épidémie de chikungunya, îles Eparses… Quels sont les enjeux de la tournée d'Emmanuel Macron dans l'océan Indien ?

Le chef de l'Etat est notamment attendu à Mayotte, où il avait promis de revenir pour "lancer le temps de la reconstruction", après le passage dévastateur du cyclone Chido.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Emmanuel Macron lors de son précédent déplacement à Mayotte, le 19 décembre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Emmanuel Macron lors de son précédent déplacement à Mayotte, le 19 décembre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Emmanuel Macron entame, lundi 21 avril à Mayotte, une tournée de cinq jours dans l'océan Indien afin d'accélérer la reconstruction de l'archipel, dévasté par le cyclone Chido. Un déplacement qu'il avait promis en décembre, pour "lancer le temps de la reconstruction". Le chef de l'Etat se rendra aussi à La Réunion, frappée par de violents phénomènes climatiques et une épidémie de chikungunya, avant d'aborder la question territoriale des îles Eparses avec Madagascar. Franceinfo fait le point sur les principaux dossiers abordés par le président de la République lors de cette tournée régionale.

La reconstruction de Mayotte après Chido

Emmanuel Macron s'était rendu à Mayotte le 18 décembre pour constater l'ampleur des dégâts. Quatre mois après le passage du cyclone Chido, qui a fait 40 morts, selon un bilan officiel, et causé quelque 3,5 milliards d'euros de dommages, les habitants du département le plus pauvre de France peinent à entrevoir le bout du tunnel, au-delà des travaux d'urgence pour rétablir l'eau, l'électricité et les télécommunications.

Le chef de l'Etat, déjà confronté à l'impatience et la colère des Mahorais en décembre, risque de se heurter au même climat lors de ses échanges avec la population et les élus. "On voit encore des montagnes de déchets, des fils électriques par terre, des toits à l'air libre", déplore auprès de l'AFP le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla. Emmanuel Macron s'est engagé à rebâtir l'habitat et les infrastructures de Mayotte selon la même méthode que la cathédrale Notre-Dame : des règles spéciales et des délais raccourcis.

Le président s'entretiendra aussi avec les responsables de la lutte contre l'immigration clandestine, qui reste un défi majeur, alors que le Parlement vient d'adopter un texte très contesté durcissant les restrictions au droit du sol à Mayotte.

L'épidémie de chikungunya à La Réunion

Après Mayotte, Emmanuel Macron fera étape à La Réunion, mardi et mercredi. Le cyclone Garance y a fait cinq morts, le 28 février, et provoqué près de 250 millions d'euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans. Le président abordera aussi les enjeux sanitaires liés au chikungunya, qui a fait six morts sur l'île depuis le début de l'année. Cette maladie infectieuse est transmise par le moustique tigre. 

Il va aussi réaffirmer le "rôle stratégique de La Réunion dans la zone indopacifique" où la France entend s'imposer comme un acteur majeur grâce à ses multiples territoires et son immense espace maritime, le deuxième du monde derrière les Etats-Unis. La Réunion abrite une base navale dans une zone stratégique pour le passage du commerce international, qui renferme aussi de nombreuses richesses en hydrocarbures et halieutiques et attise les rivalités entre grandes puissances.

L'épineux sujet des îles Eparses avec Madagascar

A Madagascar, où la dernière visite bilatérale d'un président français remonte à 2005 avec Jacques Chirac, l'accent sera mis mercredi sur le renforcement des échanges commerciaux et des investissements. Emmanuel Macron évoquera aussi la "restitution à venir" d'ossements humains datant de la colonisation, dont le crâne du roi Toera, décapité en 1897 par les troupes françaises, un enjeu mémoriel important entre les deux pays.

Parmi les sujets qui fâchent, les îles Eparses (Glorieuses, Juan de Nova, Europa, et Bassas da India), territoire français revendiqué par Madagascar, seront "évoquées" par le président français et son homologue Andry Rajoelina, avec l'idée de relancer la Commission mixte sur l'avenir de l'archipel, initiée en 2019, pointe sobrement l'Elysée.

L'intégration économique régionale

La question de l'intégration de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), instance de coopération intergouvernementale qui réunit Madagascar, l'île Maurice, l'Union des Comores, les Seychelles et La Réunion pour la France, sera l'autre sujet délicat. Les Comores ne reconnaissent pas la souveraineté de la France sur Mayotte et s'opposent à son entrée dans la COI, réclamée par les Mahorais. "Pragmatique", Emmanuel Macron va plaider pour une "inclusion" progressive de Mayotte via des programmes de coopération tels que la santé, précise l'Elysée, au risque de décevoir les Mahorais très attachés à cet enjeu. 

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