"Construire des ponts et abattre des murs" : tout au long de son pontificat, le combat du pape François en faveur des migrants

Jusqu'au bout de sa vie, le souverain pontife s'est élevé contre les politiques migratoires restrictives.
Article rédigé par Bruno Duvic, Xavier Allain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le pape François, en 2013, lors d'une visite sur l'île de Lampedusa, en Italie. (ALESSANDRA TARANTINO / POOL)
Le pape François, en 2013, lors d'une visite sur l'île de Lampedusa, en Italie. (ALESSANDRA TARANTINO / POOL)

"Tout au long de sa vie, il s'est battu pour plus de justice" : à l'image d'Emmanuel Macron, de nombreuses voix saluent la mémoire et les combats du pape François, mort à l’âge de 88 ans, lundi 21 avril. "Tout au long de sa vie, il s'est battu pour une certaine idée de l'humanité, c'est-à-dire une idée fraternelle, et c'est celle dans laquelle beaucoup se retrouvent", soulignait ainsi le chef de l'Etat, depuis Mayotte.

Véritable fil rouge de ses années sur le trône de Pierre, François s'est engagé en faveur des migrants. Lors de son pontificat, les arrivées d'exilés en Europe se sont multipliées : François, qui déplorait que la Méditerranée soit devenue un cimetière, appelait à "construire des ponts et abattre des murs".

Comme un symbole, c'est à Lampedusa, cette île du sud de l'Italie, au large de la Tunisie, qui fait face régulièrement à l'afflux de migrants, que François effectue son premier voyage hors de Rome, en juillet 2013. Depuis un navire des garde-côtes, il jette des fleurs dans la mer et prononce ces mots lors d'une messe : "La culture du bien-être qui nous amène à penser à nous-mêmes nous rend insensibles aux cris des autres. Elle porte à la mondialisation de l'indifférence."

"Malgré les difficultés, la convivialité est possible"

En 2016, le pape revient du camp de réfugiés de Lesbos, en Grèce, avec douze exilés dans son avion. La même année, il réorganise les services du Vatican pour créer un ministère chargé des questions migratoires en particulier. Dans une Europe que ce sujet crispe, François demande un grand nombre d'entrées légales et régulières en fonction des possibilités de chaque pays. Le choix, selon lui, est entre un repli sur soi aux conséquences désastreuses, ou bien l'ouverture. C'est la réalité qu'il veut voir à Marseille, où il vient en 2023 : "Marseille nous dit que, malgré les difficultés, la convivialité est possible. Marseille est le sourire de la Méditerranée", disait-il, sous quelques applaudissements.

Jusqu'au dernier moment, le pape s'élevait contre les politiques migratoires restrictives. Et notamment celle de Donald Trump. Le souverain pontife avait émis de vives critiques contre l'administration Trump. 
"Il est clair que la politique de Donald Trump et les propos de JD Vance sont totalement à l’opposé de la ligne adoptée par le Vatican avec le pape François. Il y a une offensive idéologique et religieuse sur des valeurs extrêmement traditionnelles qui sont incarnées par JD Vance et que ne partage pas du tout le pape François", expliquait ainsi, dimanche 20 avril, Ludmila Acone, historienne médiéviste spécialiste de l’Italie et du Vatican. 

"La politique de Donald Trump et l’appel à chasser les migrants ont choqué le Vatican. Le pape a lui choisi le nom 'François' pour François d’Assise parce qu’il incarne l’accueil des pauvres, l’ouverture vers l’immigration".

Ludmila Acone, historienne

à franceinfo

Le chef catholique voyait aussi dans le visage des réfugiés celui du Christ et il se souvenait peut-être de ses aïeux italiens exilés en Argentine : ils avaient manqué un premier bateau, qui avait fait naufrage dans l'Atlantique.

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