Avec les déboires de British Steel, une nouvelle illustration de la crise de la sidérurgie en Europe

Le sidérurgiste British Steel, filiale du chinois Jingye, a confirmé jeudi la fermeture prochaine de ses hauts fourneaux de Scunthorpe, ainsi que d'autres installations au Royaume-Uni, invoquant des "conditions de marché difficiles et des pertes financières importantes".
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Trois flacons versant de l'acier en fusion dans des moules avec des métallurgistes dans une aciérie (photo d'illustration). (MONTY RAKUSEN / DIGITAL VISION)
Trois flacons versant de l'acier en fusion dans des moules avec des métallurgistes dans une aciérie (photo d'illustration). (MONTY RAKUSEN / DIGITAL VISION)

Le groupe sidérurgique britannique British Steel annonce, jeudi 27 mars 2025, qu’il prépare la fermeture de ses hauts fourneaux situés dans l’Est de l’Angleterre. C’est une nouvelle illustration de la crise que traverse le secteur de la métallurgie en Europe.

Le patron d’Arcelor-Mittal France, Alain Le Grix de la Salle, déclarait en début d’année 2025 lors d’une audition à l’Assemblée nationale que "tous les sites européens présentent aujourd’hui des risques de fermeture", si rien n’est fait pour protéger la sidérurgie. On entre dans le vif du sujet. British Steel, qui comptait remplacer ses hauts fourneaux anglais par des équivalents électriques, abandonne finalement son projet. La direction lance une consultation avec les salariés et les syndicats sur les licenciements qui pourraient toucher jusqu’à 2 700 personnes.

Les opérations de fabrication d’acier ne sont plus financièrement viables. Le groupe assure perdre jusqu’à 840 000 euros par jour. À peine mis en application, les droits de douane de 25% imposés par Donald Trump sur l’acier et l’aluminium étrangers importés aux États-Unis font ici leurs premiers ravages. British Steel, comme bien d'autres, ne dégage pas de marges financières suffisantes pour absorber ces nouveaux coûts.

Le coup de grâce des droits de douane américains

Les droits de douane de Donald Trump s’ajoutent à une situation européenne déjà insupportable : coût encore trop important de l’énergie pour les entreprises grandes consommatrices et surproduction d’acier chinois qui inondent le monde grâce à des prix très bas. Il faut savoir que Pékin a exporté en 2024 entre 100 et 120 millions de tonnes d’acier, soit l’équivalent de toute la consommation européenne sur l’année. Avec des charges fiscales et sociales beaucoup plus lourdes, les producteurs européens ne peuvent pas rivaliser. Enfin, troisième élément déterminant : le manque de demande intérieure en Europe à cause d’une économie qui tourne au ralenti. Avec maintenant les taxes de Donald Trump : la coupe est pleine.

Le concurrent national outre-Manche de British Steel, le groupe Tata Steel, a éteint lui aussi, à la fin de 2024, son denier haut fourneau dans la plus grande aciérie au Pays-de-Galles (3 000 licenciements). De son côté, le groupe allemand Thyssenkrupp prévoit de supprimer 11 000 emplois d’ici 2030 (40% de ses effectifs). Plusieurs sites d’Arcelor-Mittal sont menacés en France. Arcelor a suspendu ses investissements dans la décarbonation près de Dunkerque (2 milliards d’euros gelés).

Ce ne sont pas des subventions que les sidérurgistes européens attendent de Bruxelles, mais une vraie réforme fiscale et réglementaire, notamment sur le coût des émissions de carbone. Un nœud bien difficile à délier.

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